Lobatus gigas
Royaume
Phylum
Classe
Commande
Famille
Genre
ESPÈCES
Aliger gigas

Strombe géant, Lambi

Lobatus gigas (le strombe géant ou lambi) est une espèce de mollusque marin trouvé en zone équatoriale et tropicale de l'Atlantique ouest, notamment aux Antilles et en Floride. Pouvant atteindre 30 cm et 1,5 kg, il consomme des algues et divers débris végétaux. Cette espèce a beaucoup régressé en raison de la surpêche pour la consommation humaine et parfois pour l'usage décoratif de sa coquille. Il est maintenant classé comme espèce menacée et partiellement protégé par la Convention de Washington : commerce fortement limité et placé sous le contrôle des douanes dans les Antilles françaises, par exemple.

Apparence

Le lambi est le plus gros des Strombidae de la Caraïbe. Cependant taille et poids observés peuvent varier d’une zone à l’autre. Les spécimens les plus imposants mesurent 24 à 29 cm de long pour 700 à 1 500 g de poids total. Mais la taille moyenne constatée dans pêches est au début du XXIe siècle proche de 20 cm. Les femelles sont légèrement plus grandes que les mâles.

Montrer plus

Sa coquille est constituée de microcristaux de carbonate de calcium sous forme d'aragonite inclus dans une matrice protéique. Elle est extrêmement solide (beaucoup plus que de simples cristaux d'aragonite) du fait de son architecture composée de couches de lamelles entrecroisées, ce qui permet la dissipation de l'énergie des chocs dans des microfissures qui ne se diffusent pas. Elle possède des spires munies d’épines et son pied musculeux porte un opercule corné. Les mâles sont munis d’un long pénis extensible situé le long du canal siphonal, alors que les femelles portent des poches à œufs. À partir de 5-6 mois, la coquille se colore en rose-orangé. Et dès 3,5 - 4 ans, son large pavillon se forme. Il est également appelé lèvre. L’apparition de la lèvre marque l’approche de la maturité pour le juvénile.

Montrer moins

Distribution

Géographie

Largement réparti dans l’ensemble des eaux de la Caraïbe, il a été abondamment pêché sur les côtes de Floride et Antilles où il a régressé.

Montrer plus

Il peuple potentiellement tout type de fonds situés entre 0 et 100 m de profondeur. L'adulte est préférentiellement présent sur sédiment sablovaseux, entre 4 et 18 m en zone non exploitée par les chaluts et dragues à coquilles. Il est aujourd'hui réputé être plus particulièrement présent au sein des herbiers de phanérogames marines les mieux conservés, mais cette localisation pourrait être un effet indirect de la pression de pêche qu’il subit.

Il est également présent sur les plaines sédimentaires nues, ainsi que sur substrat dur (rocheux ou récifal). Il en serait de même concernant l’existence de stocks âgés situés en plus grande profondeur, de 20 à 60 m.

C’est une espèce soumise à de fréquentes migrations, qu'elles soient verticales ou horizontales, qui répondent à des stimuli thermiques et lumineux, et des migrations saisonnières sont identifiées chez les adultes

Montrer moins
Lobatus gigas carte des habitats
Lobatus gigas carte des habitats

Habitudes et mode de vie

Ce gastéropode muni d’un pied musculeux occupe divers milieux selon son cycle de vie, la saison et l'heure de la journée. Il est réputé détritivore mais peut aussi se nourrir d'algues mortes ou vivantes dérivante (sargasses) ou d'autres débris végétaux apportés par le courant dans les dépressions ou certains fonds marins.

Régime et nutrition

Lobatus gigas (dénommé lambi dans les Antilles françaises) est un détritivore à tendance herbivore (algues vertes, rouges et brunes). Il se nourrit sur le fond, de débris végétaux et de certaines algues vivantes, avec une préférence pour les sargasses.Les adultes semblent s'alimenter indifféremment de jour comme de nuit, ce qui n’est pas le cas de juvéniles âgés de moins d’un an. Ces derniers mesurant moins de 50 - 100 mm ont encore un mode de vie diurne endogé (enfoui dans le sédiment) et ne remontent pour s’alimenter en surface qu’une fois la nuit tombée. Ce n’est qu’au-delà de cette taille qu’ils iront peupler les herbiers marins peu profonds. Ils y forment de très important agrégats saisonniers et sont alors plus vulnérables aux actions de pêche. C’est là qu’ils acquerront leur forme adulte. L'espèce a fortement régressé dans les Antilles françaises depuis les années 1960, probablement en raison de la surpêche, ce qui a justifié dès la fin des années 1980 des tentatives d'élevage, notamment étudiées par Ifremer.

Habitudes d’accouplement

Les juvéniles coloniseraient ainsi préférentiellement les fonds entre 1,5 et 4 m, alors que les adultes préfèrent ceux de 10 à 20 m. Ceci est attesté par le taux de maturité supérieur à 99 % chez les individus rencontrés à partir de 18 m. De septembre à mars, ils se concentrent sur substrat dur, pour rejoindre les herbiers de zones sédimentaires en juillet.

Montrer plus

La disponibilité alimentaire ne serait donc pas le principal moteur de ses migrations, comme c’est souvent le cas chez les espèces marines. Le caractère favorable d'un habitat pour ce mollusque semble aussi corrélée à un bon taux de renouvellement de l’eau marine, et à des fluctuations thermiques modérée (saisonnières et journalières).

Les individus de 4 ans ayant une taille d’environ 18 cm et 5 mm d’épaisseur de lèvre sont enfin arrivés à maturité, ils deviennent alors des reproducteurs. Les adultes présents dans les herbiers (5 à 18 m) ou en bas de la pente récifale (20 à 60 m) vont opérer une migration reproductive saisonnière. Elle va les conduire sur des fonds sédimentaires nus, où accouplements et pontes vont se succéder.

Ce phénomène bien qu’observable tout au long de l’année à Belize et au Mexique, semble se concentrer sur une seule et même période dans d’autres zones. Elle se déroule généralement d’avril à août, alors que la phase dite de repos sexuel s’étend de septembre à mars. Tout au long de cette période, les femelles vont opérer 6 à 25 pontes, chacune représentant à chaque fois entre 300 000 et 1 500 000 œufs. Ces derniers sont rassemblés en un long filament gélatineux de 30 m de long, lui-même aggloméré avec du sable, en un unique croissant de 10 à 15 cm de diamètre. La ponte dure en moyenne 24 à 36 heures. Une même ponte pourra être le fruit de fécondations de différents partenaires.

Malgré le nombre de pontes et l’étendue de la saison de reproduction, un pic reproductif a été identifié par diverses études. Il suivrait le maximum de la photopériode et précéderait le maximum de température des eaux. Ce qui le situe approximativement en juillet. Ces mêmes études ont identifié en zones exploitées deux stocks de reproducteurs bien distincts. Le premier regroupant les jeunes adultes présents entre 10 et 18 m se reproduisant alors plus tôt (entre février et octobre suivant la zone) que le second rassemblant les vieux adultes situées plus en profondeur (20 à 60 m) qui se reproduiraient entre avril et août. Ce qui démontre que la pression de pêche conditionnerait la distribution de cette espèce. À l’issue de la saison de reproduction, chaque femelle aura contribué à produire près de 6.106 larves de lambi.

Lobatus gigas ne compte pas moins de quatre phases de vie distinctes (et une cinquième qui serait un effet indirect de la pression de pêche).

Après trois à quatre jours, les œufs libèrent les larves qui adoptent un mode vie planctonique au sein des 10 premiers mètres de la colonne d’eau. Durant cette phase qui dure deux à cinq semaines, les larves sont soumises aux courants de surface qui les dispersent sur des dizaines voir des centaines de kilomètres. Ce qui peut représenter un transfert de gènes pouvant atteindre un maximum de 900 km. La plupart des larves sont mangées ou meurent durant cette période.

Ensuite la métamorphose survient, si l’ensemble des facteurs favorables nécessaires sont présents. Dans le cas contraire, les larves sont capables de retarder leur métamorphose, mais au risque de perdre définitivement cette compétence indispensable à leur survie. Les larves perdent alors le velum qui leur permettait de se nourrir de microalgues, de respirer et de se mouvoir. Leur coquille s’étant épaissie les jeunes individus tombent sur le fond (1 à 2 m), où ils s’enfouissent. Ils deviennent ainsi des juvéniles.

Pendant un an, ils seront enfouis dans le sédiment le jour et remonteront à sa surface pour se nourrir la nuit. À la taille de 50 à 100 mm, les juvéniles d’un an regagnent définitivement la surface et entament une migration ontogénique vers les herbiers de phanérogames marine (entre 1,5 et 5 m). Là ils se rassemblent en agrégats pouvant atteindre 100 m de long sur 2,5 m de large dans certaines régions. Une hypothèse est que ces rassemblements les rendraient moins vulnérables à la prédation.

Ils grandissent ainsi jusqu’à l’âge de 3-4 ans correspondant à la formation de la large lèvre, témoignage du passage à l’âge adulte, et migrent alors vers des zones plus profondes (10 à 18 m). Ils colonisent toute sorte de fonds avec toujours une préférence marquée pour les herbiers de phanérogames marines en zone pêchée. Les plus vieux individus observés en zone exploitée semblent par la suite rejoindre des zones encore plus profondes (où ils échappent plus facilement aux pêcheurs). Ils forment alors un stock de reproducteurs âgés et profonds (20 à 60 m), sur lequel repose à l’heure actuelle le repeuplement des zones d’exploitation intense. Ce comportement particulier disparait cependant en l’espace de quelques mois, dans les aires marines protégées quand elles sont non-pêchées, ce qui semble indiquer qu’il s’agit d’une conséquence de la pêche.

La croissance du lambi varie tout au long de ces différentes phases. 

Montrer moins

Population

Effectif de la population

En raison d'une pêche intensive et des mauvais résultats des tentatives d'élevage, l'espèce est désormais classé en annexe II de la convention de Washington et en annexe B du règlement européen 338/97, l'exportation de lambis, coquille de lambis ou objets comprenant des morceaux de nacre de lambis est formellement contrôlée et restreinte par les douanes.

Références

1. Lobatus gigas article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Lobatus_gigas

Plus d'animaux fascinants à découvrir