Corneille noire
Royaume
Phylum
Classe
Commande
Famille
Genre
ESPÈCES
Corvus corone
Taille de la population
58.7-111 Mlnlnn
Durée de vie
1-29 years
Poids
400-600
14.1-21.2
goz
g oz 
Longueur
48-52
18.9-20.5
cminch
cm inch 
Envergure
84-100
33.1-39.4
cminch
cm inch 

Corvus corone

La Corneille noire (Corvus corone) est une espèce de passereaux de la famille des Corvidae. Elle est présente dans deux aires distinctes : l'Europe de l'Ouest et du sud-ouest, où sa population est estimée entre 5,5 et 12 millions de couples, et l'Asie du Kazakhstan au Japon, où sa population n'est pas connue. Commune dans toute son aire de répartition, elle présente une grande plasticité écologique et se trouve aussi bien à la campagne qu'au cœur des grandes villes, comme Paris et Londres.

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Oiseau entièrement noir, elle est très proche de la Corneille mantelée, avec qui elle a longtemps été considérée comme formant une seule et même espèce. Elle se distingue du Grand Corbeau par sa taille plus petite et son bec plus effilé, du Corbeau freux par les plumes sétiformes qui recouvrent la base de son bec et du Corbeau à gros bec par son bec plus court et moins arqué.

La Corneille noire est omnivore et opportuniste. Elle vit en couples territoriaux stables et essentiellement sédentaires, mais peut aussi se trouver dans de grands rassemblements de corvidés. Elle est fréquemment considérée comme nuisible en raison des dommages qu'elle est réputée causer aux cultures et à la petite faune. Toutefois, sa longévité, son adaptabilité et ses capacités cognitives remarquables contribuent à expliquer la fascination qu'elle exerce sur l'homme et sa place dans de nombreuses cultures, aux côtés du Grand Corbeau avec lequel elle se confond souvent dans les mythes et légendes. Sa longue interaction avec l'homme a ainsi été décrite par le biologiste John Marzluff comme une « coévolution culturelle ».

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Apparence

La Corneille noire mesure de 48 à 56 cm de long pour un poids de 396 à 602 g. Son envergure est de 84 à 100 cm. Chez la sous-espèce nominale, la longueur de l'aile varie entre 290 et 345 mm, celle de la queue entre 256 et 195 mm, celle du tarse entre 55 et 64 mm et celle du bec de 29 à 62 mm ; chez la sous-espèce C. c. orientalis, la longueur de l'aile est de 197 à 218 mm, contre 197 à 218 mm pour celle de la queue, 48 à 69 mm pour celle du bec. En moyenne, le mâle est plus grand que la femelle.

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La Corneille noire possède une robe noire brillante, à reflets bleus, verdâtres ou pourpres en plumage neuf. Ses pattes noires sont robustes, typiques d'un oiseau marcheur, écailleuses sur la face antérieure et lisses sur la face postérieure. Les doigts sont de type anisodactyle (trois doigts antérieurs et un doigt postérieur), comme chez la plupart des passereaux. Le bec, gris foncé à noir, s'inscrit dans la continuité de la tête. Il est assez fort, avec un culmen incurvé, et représente 50 à 64 % de la longueur totale de la tête. La commissure du bec et la base de la mandibule supérieure sont recouverts de fines plumes sétiformes, caractéristiques des corvidés. La mandibule supérieure dépasse souvent légèrement de la mandibule inférieure pour former un petit crochet.

Les jeunes de Corneille noire naissent nus, avec une peau rose qui devient grise avec l'âge. Ils se recouvrent rapidement d'un plumage duveteux, court et noir mat les deux à trois premiers mois de leur vie. D'abord aveugles, ils ont ensuite les yeux bleu-gris. La commissure du bec présente un petit bourrelet qui régresse avec l'âge ; elle est d'abord rose, puis à bout gris, avant de devenir uniformément foncée. L'intérieur du bec reste rose vif jusqu'à trois ans, ce qui permet de stimuler le nourrissage par les parents, le bec grand ouvert de la jeune corneille étant très visible de loin.

Comme tous les corvidés, la jeune corneille effectue une mue post-juvénile incomplète sa première année, entre juin et septembre : elle conserve ses rectrices (plumes de la queue), ses rémiges (plumes de vol) et ses grandes couvertures, dont l'aspect brun et usé permet de la différencier des adultes. Elle effectue ensuite une mue complète chaque année, généralement de juillet à septembre. Après la première mue complète, le jeune ne peut plus être distingué extérieurement d'un adulte ; il devient impossible de déterminer son âge après trois ans, une fois que l'intérieur du bec est entièrement sombre.

La Corneille noire ne présente pas de dimorphisme sexuel : les deux sexes sont identiques. Le sexage est possible par observation du comportement pendant la période de reproduction, laparoscopie ou analyse génétique d'un prélèvement sanguin ou d'une plume.

Comme tous les oiseaux, la Corneille noire consacre une partie importante de la journée à sa toilette : à l'aide de son bec, elle stimule sa glande uropygienne, puis se lisse les plumes pour arranger son plumage et enlever une partie de ses ectoparasites. Pendant la mue, la toilette permet d'ôter les plumes usées en train de tomber et de débarrasser les plumes en formation de leur étui. La Corneille noire se gratte la tête de manière indirecte, en abaissant l'une de ses ailes et en passant la patte par-dessus l'épaule. Ce grattage sert entre autres à transférer l'huile sécrétée par la glande uropygienne du bec vers les pattes, puis les plumes de la tête. Le toilettage réciproque est utilisé entre membres du couple et chez les juvéniles entre membres de la fratrie ; il se concentre sur les zones de la tête et de la nuque que l'oiseau ne peut pas atteindre avec son propre bec.

La Corneille noire ne pratique pas les bains de poussière, mais se baigne régulièrement dans l'eau. Pour ce faire, elle se place dans de l'eau peu profonde ou perche sur un objet submergé, comme une branche, puis elle plonge la tête dans l'eau et la secoue vigoureusement de gauche à droite tout en battant des ailes et de la queue, de sorte à s'asperger complètement. Après avoir pris son bain, elle part vers un endroit sûr pour s'ébrouer.

La corneille peut recourir au bain de fourmis pour se débarrasser des hôtes indésirables dans son plumage. Le formicage actif consiste à prélever une ou quelques fourmis avec le bec et à se toiletter avec ; dans le formicage passif, la corneille se contente de s'asseoir sur des fourmis, ailes éployées, et à se laisser envahir. La fonction de cet exercice n'est pas totalement comprise, mais il semble que les oiseaux utilisent l'acide formique produit par les fourmis attaquées pour se débarrasser des parasites de leur plumage.

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Vidéo

Distribution

Géographie

La Corneille noire (Corvus corone) se rencontre dans deux régions distinctes. La sous-espèce nominale vit dans l'ouest et le sud-ouest de l'Europe : Angleterre, pays de Galles et sud de l'Écosse, Espagne, Portugal, France à l'exception de la Corse, Belgique, Pays-Bas, Europe centrale jusqu'à l'Elbe, Suisse, zone alpine en Italie. Ses effectifs étaient estimés en 2016 entre 5,5 et 12 millions de couples, dont 20 000 à 100 000 couples en Belgique, 80 000 à 150 000 couples en Suisse, 310 000 à 530 000 couples en Espagne, 790 000 au Royaume-Uni, et 1 à 3 millions de couples en France.

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La sous-espèce Corvus c. orientalis se trouve de la Sibérie jusqu'au Japon en passant par l'Asie centrale (Afghanistan, est de l'Iran, Cachemire, Tibet, nord de la Chine). Les données manquent sur ses effectifs.

En Europe du Nord, du centre-est et du sud-est, la Corneille noire est remplacée par sa proche parente, la Corneille mantelée, avec qui elle s'hybride sur une zone de contact de 1 300 km de long, large de 24 à 170 km selon l'endroit, allant de l'Apennin ligure, en Italie, jusqu'au nord du Jutland, au Danemark. Une seconde zone de contact existe en Écosse, séparant la Corneille mantelée au nord de la Corneille noire au sud.

La Corneille noire se trouve dans tous types d'habitats, à l'exception de la haute montagne dont les massifs forestiers compacts ne lui sont pas favorables : elle ne dépasse guère 1 000 m d'altitude. Elle a toutefois été observée jusqu'à 2 645 m dans les Alpes, au col du Galibier et sa nidification a été prouvée à 1 900 m en Engadine supérieure et en Maurienne. Dans les Pyrénées, la construction d'un nid a été observée à 1 600 m. En Asie centrale, C.c. orientalis se trouve jusqu'à 3 600 m.

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Corneille noire carte des habitats
Corneille noire carte des habitats
Corneille noire
Public Domain Dedication (CC0)

Habitudes et mode de vie

Très bien adaptée aux écarts de température, comme tous les corvidés, la Corneille noire est quasi-sédentaire. En Europe, les reprises de bagues ont mis en évidence des déplacements de quelques centaines de kilomètres à l'automne lors de la dispersion post-nuptiale, avec quelques migrations à proprement parler : d'après les données françaises, des oiseaux belges ont été retrouvés dans l'Orne (260 km), des oiseaux suisses dans le Gers (785 km), des oiseaux allemands dans l'Aveyron (750 km) et la Haute-Vienne (524 km). L'erratisme est variable selon la rigueur de l'hiver, les ressources alimentaires ou la pression démographique locales.

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L'envergure en vol de la Corneille noire est comparable à celle du Corbeau freux, plus grande que celle du Choucas des tours et beaucoup plus petite que celle du Grand Corbeau. Les ailes de la Corneille noire sont larges, plus que celles du Corbeau freux, avec les extrémités digitées. Son vol est assez lent, battu, plané seulement en descente et le plus souvent direct, d'où l'expression anglaise « as the crow flies », équivalent du français « à vol d'oiseau ». Elle pratique peu le vol en cercles pour prendre de l'altitude. Elle peut atteindre une vitesse de 50 km/h et voler avec une grande vigueur lors d'un houspillage.

La Corneille noire est un oiseau bavard et capable d'émettre une grande variété de sons, qui rend difficile le décompte de ses cris. Une étude en a néanmoins dénombré 23.

Le cri typique est un croassement sonore et dur kraaa, produit par séquences, qui peut être accompagné de hochements de la tête, cou tendu (bowing display). Parmi les autres cris fréquents figurent un cri émis à ton constant, comparable à un klaxon, ou encore un cloc cloc cloc qui semble émis uniquement par les femelles. On parle parfois de chant pour désigner un monologue composé de cris émis à volume plus faible, qui semble n'être émis que par les immatures et les femelles posées. Les jeunes en train de quémander et les femelles en période d'incubation produisent des aaa aaa bruyants et nasillards, qui rappellent, en plus profond, le cri homologue du Geai des chênes. Les observateurs rapportent une variation géographique dans les cris, avec une grande différence par exemple entre les corneilles de Cornouailles, en Angleterre, et celles d'Espagne. Les imitations sont un phénomène attesté, mais seulement chez les oiseaux en captivité.

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Comportement saisonnier
Appel d'oiseau

Régime et nutrition

La Corneille noire est omnivore et opportuniste. L'ornithologue Paul Géroudet remarque ainsi : « la nourriture de la Corneille noire est d'une variété extraordinaire ; il est peu d'oiseaux aussi omnivores, capables de tirer parti de tout.» Son régime alimentaire dépend donc de la région et de la saison. Il a été étudié par l'observation, l'analyse du gésier, de l'estomac et des pelotes de réjection.

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Elle apprécie les graines, surtout les céréales (blé, avoine, orge, maïs) en germination ou glanées après la moisson. Selon la saison, elle recherche les baies et fruits, notamment les cerises, prunes, poires, pommes, raisins ou noix. Elle se nourrit également d'insectes (essentiellement des coléoptères), vers de terre et araignées, de petits mammifères, reptiles et batraciens. Elle pille les œufs et tue les poussins dans les nids d'autres passereaux, d'oiseaux d'eau, voire de rapaces. Elle tire parti des cadavres d'animaux, notamment tués par les voitures. Elle peut également s'en prendre à des oiseaux blessés ou malades, jusqu'à la taille d'une perdrix. Sa prédation d'ablettes et de jeunes perches est documentée sur le lac Léman. En milieu urbain, la Corneille noire s'appuie largement sur la nourriture anthropogène : poubelles ou décharges à ciel ouvert.

Une étude réalisée au début des années 1980 dans le bocage limousin montre une ration quotidienne de 61 à 83 g selon la période de l'année. En hiver, la recherche de nourriture occupe toute la journée, alors que le nourrissage est plus rapide le reste de l'année, permettant à la corneille de vaquer à d'autres activités.

Ses techniques de capture sont variées : à l'aide de son bec, elle explore l'herbe à la recherche d'invertébrés, retourne méthodiquement pierres, feuilles ou branchettes au sol, harponne les batraciens dans les mares, élargit les trous pour en tirer les vers de terre ou les larves, ou creuse le sol. Elle attrape les insectes en vol, suit les charrues dans les champs en quête de vers blancs et de campagnols et, sur les pelouses, arrache l'herbe pour déterrer des larves de hannetons. Exceptionnellement, elle a été observée plongeant dans l'eau pour pêcher,. Elle ouvre les fruits à coque et les mollusques en les prenant dans son bec et les laissant tomber, en vol, au-dessus d'une surface dure pour les briser. Au Japon, elle a été vue déposant des noix devant les roues de voitures au feu rouge pour les manger après passage des véhicules.

Elle pratique le cleptoparasitisme : elle peut voler la nourriture trouvée par d'autres oiseaux moins agressifs, en particulier le Corbeau freux et houspille les Buses et les Autours des palombes pour leur dérober leur proie. Bien qu'elle se nourrisse essentiellement au sol, elle peut chasser en vol, par exemple un Étourneau sansonnet, un Pigeon ramier ou une Hirondelle de rivage.

La nourriture est maintenue par une patte avant d'être fragmentée avec le bec. La nourriture trop sèche ou collante est trempée dans l'eau avant d'être consommée. Les aliments qui ne sont pas consommés sur le champ sont emportés dans le bec ou dans la poche sublinguale avant d'être cachés pour plus tard, habitude commune aux corvidés. Pour autant, la Corneille noire ne dépend pas autant de ses caches que le Geai des chênes ou le Cassenoix moucheté. Plus les conditions météorologiques sont mauvaises, plus elle compte sur les caches qu'elle a précédemment constituées. Plus rarement, elle a été observée transportant de la nourriture dans ses pattes,.

À l'instar des autres corvidés, la Corneille noire a besoin de boire régulièrement pour s'hydrater. Elle le fait en prélevant l'eau avec son bec, puis en relevant la tête.

Comme tous les oiseaux, la Corneille noire rejette des pelotes contenant les restes non digérés de son alimentation : enveloppe de graines, restes déchiquetés d'invertébrés et de vertébrés, souvent de petits cailloux ayant servi à broyer les aliments dans le gésier. Ces pelotes sont de forme ovale ; elles mesurent 30 à 70 mm pour un diamètre de 10 à 20 mm.

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Habitudes d’accouplement

COMPORTEMENT D’ACCOUPLEMENT

La Corneille noire est sexuellement mature dans le courant de sa troisième année civile, mais ne commence généralement à se reproduire qu'à partir de trois ans. Elle est socialement monogame et forme des couples de long terme, même si sa réputation de former un couple à vie reste à confirmer scientifiquement, notamment par le baguage.

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Les mécanismes par lesquels les couples se forment ne sont pas connus. Dans une expérience menée en 1905 et consistant à tuer le mâle en période de nidification, la femelle a reformé un couple très peu de temps après, ce qui montre que la recherche de partenaire peut être très rapide.

Une fois les individus en couple, les corneilles renforcent leurs liens chaque année, au sortir de l'hiver, par plusieurs jeux nuptiaux : vols en piqué communs, révérences du mâle à la femelle. En cours d'année, ils pratiquent le lissage des plumes réciproque.

La copulation se produit généralement lors de la construction du nid, dans le nid lui-même ou à proximité. Elle dure 10 à 15 secondes.

La ponte a lieu entre avril et juillet, plus rarement dès la fin mars. Elle produit quatre à cinq œufs, parfois six, moins souvent sept ou trois. L'œuf de corneille noire est bleu verdâtre tacheté de vert olive et pèse en moyenne 19 g pour des dimensions de 4×3 cm. La ponte se fait à raison d'un œuf par jour. Les pontes de remplacement ne sont pas rares, en particulier quand la ponte initiale a été détruite par l'homme. Une femelle peut ainsi pondre jusqu'à 21 œufs au cours d'une même saison.

L'incubation démarre soit dès le premier œuf, soit à l'avant-dernier. Elle dure typiquement 17 ou 18 jours, mais peut aller jusqu'à 21 jours Seule la femelle y prend part, le mâle ne portant pas de plaque incubatrice. Elle ne quitte le nid que pour se dégourdir et pour se nourrir. Pendant ce temps, le mâle surveille les environs et ravitaille la femelle.

D'après une étude menée au Royaume-Uni à la fin des années 1960, le taux d'éclosion est de 60 %, les premiers facteurs d'échec étant, dans l'ordre, le pillage d'œufs par d'autres corvidés (Pie bavarde, Grand Corbeau, Geai des chênes) et l'interférence humaine. Le nombre moyen de jeunes à l'envol varie entre 1,1 et 1,7 par nichée selon l'endroit et l'année. Une étude menée dans le bassin de Nagano sur la sous-espèce orientale (C. c. orientalis) de 1963 à 1964 montre une ponte moyenne de 4,4 œufs, pour un taux d'éclosion de 90 % et un taux de jeunes à l'envol de 57,5 %.

Les nids de Corneille noire peuvent être parasités par le Coucou geai, qui y dépose ses œufs. Dans le nord de l'Espagne, cette proportion varie selon les années entre 1,2 % et 70 % des nichées et les nids affectés contiennent en moyenne 1,5 œuf de coucou. La présence de jeunes coucous réduit mécaniquement le nombre de jeunes corneilles au nid, mais confère un avantage indirect en ce que le jeune coucou excrète une substance répulsive quand il se sent menacé, dissuadant les prédateurs et protégeant ainsi le reste de la nichée.

Les jeunes sont des nidicoles typiques : ils naissent nus, poïkilothermes, aveugles et sourds. La femelle se charge de les couvrir pour assurer leur régulation thermique. Les coquilles d'œuf sont poussées hors du nid ou mangées. Quelques heures après leur naissance, les jeunes commencent à quémander. La femelle régurgite dans leurs becs la nourriture apportée par le mâle, d'abord animale, puis végétale. Durant les premiers jours, les excréments sont expulsés dans des sacs fécaux emportés par les adultes. Les jeunes apprennent ensuite à faire leurs besoins hors du nid. Après deux à trois semaines, les jeunes ne sont couverts que la nuit et les deux parents assurent leur ravitaillement. Ils quittent le nid vers 31-32 jours, mais restent perchés dans les branches quelques jours avant d'apprendre à voler.

Les jeunes vivent avec leurs parents soit jusqu'à l'automne, soit jusqu'à la fin de l'hiver, avant de se disperser. Une partie plus ou moins importante des couples cesse alors de défendre son territoire. Une faible minorité de jeunes reste sur le territoire (philopatrie) et aide ses parents pour la reproduction suivante.

Des cas de territoires tenus par trois corneilles ont été signalés en Suède chez la Corneille mantelée et dans le nord de l'Italie chez la Corneille noire. En Suisse, en zone urbaine, une étude a trouvé un aidant au nid sur trois territoires sur 33.

Dans le nord de l'Espagne, une population de corneilles pratiquant la reproduction coopérative a été découverte en 1995 : les couples de corneilles y comptent des assistants dans près de 75 % des cas, un même territoire étant tenu par jusqu'à neuf individus. Ces assistants sont à la fois des jeunes des deux années précédentes et des oiseaux immigrants apparentés au mâle du couple titulaire ; dans les deux cas, il s'agit principalement de mâles. Il semble que les jeunes restent sur le territoire parental non pas du fait de contraintes écologiques (saturation des territoires, manque de partenaires, risques liés à la dispersion post-juvénile), mais parce que leurs parents défendent leur territoire toute l'année, créant ainsi un lieu de refuge où les jeunes peuvent trouver nourriture et protection.

Les assistants participent à toutes les tâches parentales : nourrissage des jeunes, dans une moindre mesure défense du territoire commun, construction et entretien du nid. Certains prennent même part à la reproduction : dans une étude portant sur 57 jeunes répartis en 19 nichées, 26 % des nichées se sont avérées impliquer plusieurs pères. En comparaison, une étude dans la zone hybride avec la Corneille mantelée montre un taux de reproduction hors couple de moins de 3 % aussi bien chez les couples conspécifiques qu'hétérospécifiques.

La taille du groupe est positivement corrélée au succès de la reproduction, indépendamment de la qualité du territoire occupé. Elle permet notamment de réduire le parasitisme par le Coucou geai : les assistants permettent à la femelle de rester davantage au nid, limitant ainsi les occasions pour le coucou de déposer ses œufs.

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Population

Effectif de la population

Déclarée commune sur son aire de répartition, la Corneille noire a été classée dans la catégorie LC (préoccupation mineure) par l'UICN. Elle figure à l'annexe II/B de la directive Oiseaux, qui autorise sa chasse dans la majorité des États membres de l'Union européenne, zone où ses effectifs sont en expansion modérée. Chaque année, 1,15 million de Corneilles noires et mantelées sont ainsi détruites en Europe.

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En France, la Corneille noire n'est pas protégée, mais considérée comme une espèce gibier, voire, en fonction du département, comme nuisible. Conformément à l'arrêté du 3 juillet 2019 pris pour l'application de l'article R. 427-6 du code de l'environnement, elle peut être détruite par tir de l'ouverture de la chasse au 31 mars, avec possibilité de prolongation jusqu'au 30 juillet sur autorisation préfectorale. Elle peut également être piégée toute l'année au moyen de cages à appelants, dites corbeautières. On estime à 380 000 le nombre d'individus tués chaque année. Grâce à ses capacités d'adaptation, la Corneille noire voit néanmoins ses effectifs nicheurs rester stables entre 1989 et 2018,.

Au niveau européen, la Corneille noire est protégée par les dispositions de la directive CEE no 79-409 du 2 avril 1979 concernant la conservation des oiseaux sauvages.

En Grande-Bretagne, les effectifs de Corneille noire sont en forte croissance. Comme tous les oiseaux, l'espèce est protégée par le Wildlife and Countryside Act de 1981. Ce texte accorde néanmoins une dérogation générale (general licence) pour les oiseaux considérés comme nuisibles en raison des dégâts occasionnés aux cultures ou à d'autres espèces, ou encore pour des raisons sanitaires. Jusqu'en 2019, la Corneille noire pouvait être concernée de telles dérogations.

En Suisse, la Corneille noire est une espèce chassable et 11 400 individus ont été abattus en moyenne entre 2007 et 2011.

Au Japon, la Corneille noire est protégée, comme tous les oiseaux sauvages, mais les populations jugées problématiques peuvent faire l'objet de mesures de contrôle ciblées, sur approbation de la municipalité concernée. Plusieurs villes, comme Hirosaki, Monbetsu, ou Sapporo se sont dotées d'agents municipaux chargés de gérer à la fois la Corneille noire et le Corbeau à gros bec. À Monbetsu (25 600 habitants en 2008), ces agents sont chargés de détruire les nids, essentiellement dans les zones résidentielles du centre-ville. Le coût de ce programme de contrôle est estimé à 300 000 dollars américains par an, correspondant à la masse salariale et à l'équipement de trois agents.

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Références

1. Corneille noire article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Corneille_noire
2. Corneille noire sur le site de la Liste Rouge de l'UICN - https://www.iucnredlist.org/species/22706016/118784397
3. Xeno-canto le chant des oiseaux - https://xeno-canto.org/707409

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