Trionyx de Chine
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Pelodiscus sinensis

Pelodiscus sinensis

Pelodiscus sinensis, la Trionyx de Chine ou Tortue à carapace molle de Chine est une espèce de tortues de la famille des Trionychidae. C’est une tortue d’eau douce qui a une vaste répartition allant des bassins de l’Oussouri et de l’Amour en Russie, les deux Corée, la Chine, le Japon jusqu’au Vietnam. Mais c’est aussi une espèce menacée à l’état sauvage car elle a été abondement prélevée dans la nature pour être consommée par les hommes et être employée dans la pharmacopée traditionnelle chinoise. Depuis la fin du XXe siècle, de gros investissements ont été faits dans de grandes stations d’élevage capables de mettre sur le marché des centaines de millions de trionyx d’élevage.

Apparence

Pelodiscus sinensis fait partie des tortues dites « molles » car leur carapace supérieure est souple sur les bords et sans écaille rigide kératinisée. La partie centrale de la dossière comporte un os comme pour les autres tortues (voir photo ci-dessous). Le corps mesure environ 26-30 cm, un peu plus pour la femelle et un peu moins pour le mâle. La carapace est ovale, plate, avec un bord souligné par un léger bourrelet au-dessus du cou et des pattes. Elle est couverte d’une peau douce, de couleur vert olivâtre ou brun jaunâtre et peut avoir des taches sombres bordées de jaune chez les individus plus jeunes. Les mâles ont un cou et une queue plus longs que ceux des femelles. Le plastron est blanc grisâtre.

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La tête est assez épaisse, avec deux yeux ronds, prolongée par un nez, conique à la base et tubulaire à l’extrémité qui leur permet de respirer discrètement en surface de l’eau. La gueule n’a pas de dent mais elle est pourvue de mâchoires tranchantes. Le cou est long et peut rapidement s’étirer pour attraper une proie. Les pattes se terminent par cinq doigts palmés dont les trois intérieurs sont dotés de griffes acérées. La tête et les membres peuvent être rétractés à l’intérieur de la carapace. Comme tous les reptiles, sa température interne varie et s’accorde à la température ambiante. Son métabolisme décline fortement quand la température de l’eau descend en-dessous de 20 °C. Elle cesse de se nourrir à une température inférieure à 15 °C et entre en hibernation en s’enfouissant dans la boue quand la température est inférieure à 10 °C. En plus des poumons pour respirer l’air, elle utilise un organe pharyngé avec des branchies semblables à des villosités pour obtenir l'oxygène de l'eau ambiante. Ce qui lui permet d’hiberner sous l’eau pendant de longs mois.

C'est une tortue très vive, bonne nageuse, vorace, dotée d'un assez mauvais caractère et qui cherche à mordre lorsqu'elle est manipulée. Certaines populations sont plus agressives que d'autres, comme celle du fleuve Rouge au Vietnam.

Les journées ensoleillées d’été, elles montent sur la berge pour s’exposer au soleil durant 2 à 3 heures par jour. Elles se débarrassent ainsi des pathogènes de surface (bactéries et champignons) et la lumière stimule le métabolisme du calcium et du phosphore nécessaire à leur carapace osseuse.

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Vidéo

Distribution

Géographie

Les tortues molles de Chine vivent en eaux douces à faible courant : rivières, lacs, étangs, toute pièce d’eau où poissons et crevettes sont disponibles. Elles sont de très bonnes nageuses. Elles peuvent monter sur la terre ferme pour se mettre au soleil ou pour pondre.

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La trionyx de Chine a une large aire de répartition, s’étendant du nord au sud de l’Asie orientale

  • en Russie du sud-est (bassin de l' Oussouri et du fleuve Amour)
  • dans les deux Corées
  • en Chine dans les provinces du Anhui, du Fujian, du Gansu, du Guangdong, du Guangxi, du Guizhou, de Hainan, du Hebei, du Henan, à Hong Kong, du Hubei, du Hunan, du Jiangsu, du Jiangxi, du Shaanxi, du Shandong, du Shanxi, du Sichuan, du Yunnan et du Zhejiang ;
  • à Taiwan ;
  • au Japon dans les îles Honshū, Kyūshū et Shikoku.
  • au Viêt Nam.

Elles ont été introduites et se sont naturalisées au Japon dans les îles Bonin et Nansei, en Thaïlande, en Malaisie, à Singapour, en Indonésie, au Timor oriental, aux Philippines, aux îles Mariannes du Nord, à Guam, à Hawaï et en Espagne (au Sud, dans les marais du Guadalquivir).

En France, les individus présents dans le milieu naturel sont des animaux échappés de captivité ou relâchés volontairement. Cependant, contrairement à la Tortue de Floride, sa présence en milieu naturel est anecdotique et ne semble pas présenter de risque de naturalisation.

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Habitudes et mode de vie

Mode de vie

Régime et nutrition

La tortue à carapace molle est principalement carnivore : elle se nourrit de poissons, crevettes, écrevisses, mollusques, insectes vivants ou morts, de charognes, mais aussi de plantes aquatiques et de graines.

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Les tortues à carapace molles sont voraces et si elles manquent de nourriture, elles peuvent s'entre-dévorer. Durant le jour, elles se cachent dans l’eau ou s’enfouissent dans le limon, et sortent la nuit pour chercher leur nourriture. Elles ont une disposition agressive comme certains carnivores mais plongent se cacher sous l’eau lorsqu’un bruit ou une ombre d’homme se produisent.

La tortue molle Pelodiscus sinensis est très appréciée pour sa chair délicate dans tous les pays d’Asie orientale. Selon la description de China Daily « Les tortues à carapace molle sont connues pour leur goût merveilleux, leur grande valeur tonique et même leur « effet magique » pour améliorer la virilité. Elles figurent sur la liste des prescriptions de certains médecins traditionnels pour les patients souffrant de faiblesse physique, en particulier pour les femmes après la grossesse ».

Les recettes chinoises de soupe de tortue à carapace molle consistent toutes essentiellement à blanchir la tortue dans de l’eau à 80 °C, puis à couper l’animal en morceaux et à faire frire avec des morceaux de poulet, de l’oignon, du gingembre, de la bière (ou du vin de céréale), des baies de goji, du sel, du poivre, du sucre, etc. (voir recette en ligne, ou recette traditionnelle « cruelle »). En Corée, une soupe de carpe et de tortue à carapace molle, nommée Yongbongtang, est une spécialité qui fait la réputation de la ville de Yeoju.

Dans un rapport de 1930, Soame Jenyns indique que les restaurants de Canton les avaient importées du Guangxi en grand nombre, et qu’elles « étaient mangées avec des amandes, rôties à la sauce chili ou frits avec des pousses de bambous, elles étaient considérées comme de grandes délicatesses ».

En raison de la demande croissante et de la chasse excessive, le prix de Pelodiscus sinensis en Chine a grimpé en flèche au milieu des années 1990. Pour ramener les prix à un niveau plus abordable, les autorités chinoises ont investi dans de grandes stations d’élevage de tortues et d’inonder le marché de centaines de millions d’animaux d’élevage.

L’enquête de terrain de Shi Taito et al., menée auprès des 1 500 méga-fermes d’élevage de tortues, a conduit à estimer en 2008 que plus de 300 millions de tortues sont vendues par an, pour une valeur de 750 millions USD. Bien que la majeure partie de ces tortues soient des tortues à carapace molle commune Pelodiscus sinensis, de nombreuses autres espèces sont également élevées, y compris des espèces en danger critique d'extinction. Mais ces données ont été établies à partir des 46 % des fermes qui ont répondu aux enquêteurs. En tenant compte des 54 % de celles qui n’ont pas répondu, les chercheurs estiment le commerce des tortues captives est probablement « une industrie de plusieurs milliards de dollars ». En raison de la compétition entre gros producteurs, les techniques d’élevage sont tenues secrètes.

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Habitudes d’accouplement

Les tortues à carapace molle atteignent leur maturité sexuelle entre 4 et 6 ans. Elles s’accouplent aussi bien à la surface que sous l’eau. La saison de reproduction va du début du printemps jusqu’à la fin de l’automne. C’est à cette époque qu’elles peuvent bénéficier de la plage de températures la plus appropriée pour la reproduction de 25 à 32 °C.

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Pour s’accoupler, le mâle s’agrippe sur la femelle, tout en lui mordant violemment le cou et les membres. La femelle peut conserver dans ses oviductes des spermatozoïdes viables pendant environ six mois. Elle pondra entre 2 et 5 fois par an dans un trou sur la rive, qu’elle creusera et rebouchera. Les nids se composent de 8 à 30 œufs sphériques, blancs, d’environ 20-24 mm mm de diamètre.

La durée d’incubation varie entre 55 et 60 jours. Les nouveau-nés ont une dossière presque ronde, olivâtre, portant des ocelles noirs cerclés de jaune clair et plusieurs lignes longitudinales de petits tubercules. Les jeunes peuvent grandir très vite, sans doute pour échapper aux prédateurs, et dans les élevages, les juvéniles de 5 g atteignent 1 000 g après une seule année d'engraissement.

Chez les tortues la température peut « forcer » la détermination du sexe. Une étude scientifique chinoise de 2019 laisse penser que l'embryons de P. sinensis dispose, durant un certain temps, d'un certain pouvoir de « choix » de sa destinée sexuelle, pouvoir qu'il exerce en se déplaçant vers une zone un peu plus chaude ou fraîche dans l'œuf. Chez cette espèce si tous les embryon peuvent se positionner dans un endroit de l'œuf où la température n’est ni trop chaude ni trop froide (29 °C) pour eux, alors le sex-ratio sera à la naissance à peu près parfait. Si cette hypothèse est confirmée chez d'autres espèces de tortues, ce comportement pourrait contribuer à sauver certaines espèces face au réchauffement climatique, au moins si la température ne monte pas trop, faute de quoi, il finirait par ne rester que des femelles qui ne seraient plus fécondées, ce qui condamnerait l'espèce. Bien que minuscules, l'embryon se montre déjà capables de détecter de petites différences de température et de s’installer dans la partie de l'œuf lui donnant la meilleure chance de survie».

La tortue molle Pelodiscus sinensis est l’espèce de tortue à être la plus communément élevée en Chine, au Japon et en Asie du Sud-Est. Plus de 1500 méga-fermes d’élevage existent dans le sud de la Chine. Des fermes d’élevage de tortues molles existent aussi dans la Russie extrême-orientale, la Corée, Timor (Indonésie), Japon, et Thaïlande.

Les aliments pour tortues sont faits de poissons de faible valeur marchande, de crevettes, vers, escargots, de granulés ou de composition maison (mélange de son de riz, patate douce, tourteaux de soja et d’enzymes digestives).

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Population

Effectif de la population

Dans la Liste rouge des espèces menacées de l'IUCN, Pelodiscus sinensis est classée « espèce vulnérable ». On assiste à un déclin continu des populations sauvages.

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Selon les chercheurs Shi haitao et al. (2008), l'une des principales menaces à la survie des tortues asiatiques est la demande en Chine de tortues à des fins de consommation alimentaire et médicinale.

La nouvelle prospérité chinoise a réactivé les anciennes routes commerciales vers l’Asie comme les doigts d’une main, pour ramener vers le marché chinois une multitude d’espèces sauvages de tortues. On peut voir sur les marchés de produits frais, ces animaux vivants horriblement maltraités, attendant d’être vendus pour l’alimentation des hommes ou pour servir de remèdes à la médecine chinoise traditionnelle (James E. Barzyck).

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Références

1. Trionyx de Chine article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Trionyx_de_Chine
2. Trionyx de Chine sur le site de la Liste Rouge de l'UICN - https://www.iucnredlist.org/species/39620/97401140

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