Stegobium paniceum
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Stegobium paniceum

Vrillette du pain, Vrillette boulangère, Stégobie des pharmacies

Stegobium paniceum, en français la vrillette du pain, vrillette boulangère ou stégobie des pharmacies, est une minuscule espèce d'insectes coléoptères de la famille des Anobiidae, la seule du genre monotypique Stegobium.

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Elle fut décrite pour la première fois, en 1758, par Carl von Linné, sous le protonyme de Dermestes paniceus. Les anglophones l’appellent communément « coléoptère des drugstores » (Drugstore beetle).

Cosmopolite, Stegobium est présent surtout dans les climats chauds et dans les bâtiments chauffés. Il peut infester une grande variété de produits secs alimentaires, d'origine végétale ou animale, et non alimentaires, comme des livres, des collections biologiques ou des œuvres d'art, avec une préférence pour les substances amylacées. Des traitements physiques, chimiques ou biologiques peuvent être appliqués, à titre curatif, pour l'éliminer ou, à titre préventif, pour réduire les risques d'infestation en contrecarrant son accès aux endroits susceptibles d'accueillir les pontes.

La vrillette du pain est une espèce proche de la petite vrillette (Anobium punctatum), insecte ravageur du bois, qui s'en distingue par sa teinte nettement plus foncée et sa tête capuchonnée. Elle est parfois confondue avec la vrillette du tabac (Lasioderma serricorne) qui s'attaque également aux stocks de denrées alimentaires ; ces deux espèces peuvent être différenciées par l'aspect de leurs antennes et de leurs élytres.

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Origine du nom de l'animal

L'espèce Stegobium paniceum a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758, dans le genre Dermestes, sous le nom initial de Dermestes paniceus.

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Elle a été transférée dans le genre Anobium en 1790 par l'entomologiste français Guillaume-Antoine Olivier. En 1860, l'entomologiste russe Viktor Motchoulski en fait le type du nouveau genre Stegobium qu'il décrit pour distinguer du genre Anobium « les espèces à corps un peu raccourci et ovalaire et à corselet large, arrondi postérieurement ».

Les genres Artobium, créé par Mulsant & Rey en 1863, et Sitodrepa, créé par Thomson aussi en 1863, sont des synonymes de genre acceptés.

Les genres Autobium, créé par Reiter en 1901, Litropeda, par Stebbing en 1914 et Sidrotepa par Bosq en 1934 sont des erreurs orthographiques et ne sont donc pas des noms valides.

Selon Fauna Europaea les synonymes valides de Stegobium paniceum sont :

Le nom générique Stegobium est issu du grec ancien στέγος, stégos, « toit », et βίος, bíos, « vie ». L'épithète spécifique paniceus dérive du latin panis, « pain ».

En français, Stegobium paniceum est appelé vrillette du pain ou vrillette boulangère, transpositions de l'épithète spécifique liée à sa prédilection pour les produits à base d'amidon comme le pain. Les dénominations en allemand (Brotkäfer), en anglais (Bread beetle), en espagnol (carcoma del pan) en italien (anobio del pane) et en néerlandais (broodkever) ont la même origine, les termes Brot, bread, pan, pane, brood signifiant tous « pain ».

D'autres noms, en français Stégobie des pharmacies, en anglais Drugstore beetle ou en espagnol gorgojo de las drogas, évoquent son appétence pour les épices ou les plantes séchées.

On trouve également le nom de « vrillette petite ».

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Apparence

Les adultes possèdent un corps cylindrique, brun jaune à brun rouge ou marron foncé, long de 1,6 à 3,7 mm, recouvert de très fines soies couchées. La tête est plus ou moins masquée par le premier segment du thorax (corselet). Les antennes sont formées de onze articles, les trois derniers en forme de massue. Les élytres, ornés de poils jaunâtres à grisâtres, sont parcourus de lignes longitudinales de ponctuations régulières profondément enfoncées.

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Les larves ont une tête brunâtre et un corps cylindrique, recourbé en forme d’arc, blanchâtre et luisant, s'assombrissant avec l'âge, avec une pilosité dense formée de fines soies dorées et dressées, des aspérités sur la face dorsale de l'abdomen et des stigmates discrets en forme de « 7 ». Elles sont pourvues de six pattes et d'une espèce de ventouse abdominale qui les rendent mobiles et leur longueur varie de 1,5 à 3,5 mm en fin de développement,. C'est à partir du stade prénymphal que le mâle, plus petit, peut être différencié de la femelle.

La nymphe, blanche elle aussi, mesure de 1,2 à 3,3 mm de long.

Les caractères suivants permettent de distinguer Stegobium paniceum de Lasioderma serricorne, la vrillette du tabac, avec lequel il est parfois confondu, les deux espèces s'attaquant aux mêmes denrées :

  • à l'état adulte, Stegobium paniceum a des antennes terminées par trois articles en forme de massue, et des élytres avec des lignes longitudinales de ponctuations leur donnant un aspect strié, tandis que les antennes de Lasioderma serricorne sont en dents de scie et ses élytres très finement ponctués paraissent lisses, ;
  • la larve de Stegobium paniceum a de courts setæ, des stigmates en forme de « 7 » et des aspérités sur la face dorsale de l'abdomen ; la larve de Lasioderma serricorne a de plus longs setæ, des stigmates de forme ronde à ovale et n'a aucune aspérité sur la face dorsale de l'abdomen.

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Distribution

Géographie

Stegobium paniceum est une espèce d'origine paléarctique, devenue cosmopolite, puisqu'elle est présente dans toutes les écozones. Moins abondant que Lasioderma serricorne dans les régions tropicales, il montre une préférence pour les régions tropicales et subtropicales ou les bâtiments chauffés dans les climats tempérés, mais il résiste relativement bien au froid.

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Il est signalé en Europe, en Afrique du Nord (Égypte), en Asie du Nord et du Sud-Est (mais pas en Chine), en Océanie (Australie et Nouvelle-Calédonie), en Amérique du Nord (États-Unis et Canada) et du Sud (Argentine, Chili), ainsi qu'à Hawaï et dans les Antilles (Martinique).

Sa présence est attestée en Angleterre depuis l'âge du bronze, en Égypte et en France depuis l'Antiquité,. En Amérique et en Océanie, il est introduit et naturalisé, c'est-à-dire qu'il s'y est établi et s'y reproduit de manière durable.

Les recherches en archéoentomologie montrent que la vrillette du pain est de longue date une espèce synanthropique.

Du pain d'Amidonnier (Triticum dicoccum) infesté par Stegobium a été retrouvé dans des tombes égyptiennes datant d'environ 2050 av. J.-C. La vrillette du pain a aussi été trouvée dans du grain de Triticum sp. dans d'autres tombes de la même époque et dans des offrandes dans le tombeau de Toutânkhamon.

Au XIXe siècle la vrillette du pain est redoutée des armateurs pour les ravages qu'elle cause dans les provisions de biscuits de mer.

C'est une espèce commune dans la nature, qui s'introduit fréquemment dans les maisons, entrepôts et musées, où elle se nourrit essentiellement de produits amylacés. Elle peut ainsi infester des stocks d'une large gamme de marchandises et matériaux : vivres, cellulose, produits pharmaceutiques… Elle mange du pain, des biscuits, de la farine, du chocolat, des épices, du café, de la farine de viande ou de poisson, du poisson fumé, des moules séchées, de la nourriture pour chien, mais aussi du cuir, de la laine, des cheveux, des oreillers de plume, des objets en bois, du papier, des livres, de la colle de farine ou d'os, des collections d'herbier et des insectes morts ; elle est capable de perforer de fines feuilles d'étain, d'aluminium ou de plomb pour les traverser et accéder à sa nourriture,. Elle peut ingérer de la strychnine, des appâts pour rongeurs et de la pyréthrine.

On la trouve aussi dans les nids de pigeons, ainsi que dans les ruches où elle se développe dans le couvain plâtré, c'est-à-dire dans les larves momifiées par Ascosphaera apis.

Contrairement à Lasioderma serricorne, Stegobium paniceum ne se nourrit pas à l'état adulte, ; la larve seule est polyphage, avec une préférence pour les produits amylacés et secondairement le bois (xylophage), et psichophage : elle se nourrit de miettes et débris de produits secs d'origine végétale ou animale.

Les adultes comme les larves sont lucifuges, c'est-à-dire qu'ils fuient la lumière.

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Habitudes et mode de vie

Régime et nutrition

Habitudes d’accouplement

La femelle, qui sécrète une phéromone sexuelle appelée stégobinone,, pond, deux jours après l'accouplement, et pendant une vingtaine de jours, environ 40 à 60 œufs (jusqu'à 75) d'un diamètre de 0,25 à 0,35 mm, par paquets de quatre à huit œufs. Elle les fixe à l'aide de ses fèces sur un substrat, ou à proximité de celui-ci, qui servira de nourriture à la larve.

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Au terme de 4 à 20 semaines (en moyenne 8 semaines), et après trois mues, la larve, qui a creusé un tunnel dans le support dont elle s'est nourrie, construit un cocon de couleur blanchâtre, fait de minuscules particules de ce support, et se nymphose.

Le stade nymphal, durant lequel l'insecte se liquéfie littéralement sous la protection du cocon, dure de 12 à 18 jours en fonction de la température et de l'humidité.

Après la dernière mue, l'imago s'envole, entre avril (pour le 1er cycle de reproduction) et septembre (pour le dernier cycle observé) dans l'hémisphère nord et en milieu naturel, laissant dans le substrat une galerie se terminant, à la surface, par un trou d'envol d'un diamètre de 1 à 1,5 mm. Les femelles adultes vivent entre 13 et 65 jours ; leur durée de vie moyenne est de 29 jours, celle du mâle de 18 jours.

La durée du cycle, de 2 à 7 mois, dépend de la température (entre 15 et 34 °C, optimum vers 30 °C), du taux d'humidité et de l'alimentation. Quatre cycles de reproduction peuvent avoir lieu au maximum en un an. À la seconde génération, les femelles pondent dans les cocons vides, permettant ainsi aux larves de s'enfoncer de plus en plus profondément dans le substrat.

Stegobium paniceum vit en symbiose avec, dans son cæcum, une levure (Symbiotaphrina buchneri) de la division des Ascomycota qui produit des vitamines du groupe B, des stérols et des antitoxines contre certaines substances toxiques pour son hôte. Cette levure, déposée sur les œufs lors de leur passage dans l'oviducte, est consommée par les larves au moment de l'éclosion. Elle leur permet, ainsi, de survivre sur de nombreux aliments et autres substrats de faible valeur nutritive.

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Population

Références

1. Stegobium paniceum article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Stegobium_paniceum

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