Anguilla anguilla
L’anguille d'Europe ou anguille commune (Anguilla anguilla) est une espèce de poissons appartenant à la famille des Anguillidés.Elle mesure de 40 cm à 150 cm et pèse jusqu'à 4 kg pour les femelles. C'est un grand migrateur, et plus précisément un migrateur amphihalin (au cours de sa vie l'anguille va passer par des milieux présentant différents taux de salinité : dans ce cas, de la mer vers l'eau douce puis à nouveau vers la mer), thalassotoque (qui se reproduit en mer) et catadrome (qui, après une période de croissance dans un cours d'eau, regagne la mer). Comme pour les autres espèces d'anguilles de l'hémisphère Nord, un petit nombre d'individus effectueront en réalité la totalité de leur cycle de croissance en mer, en lagune salée ou en estuaire salé. Cette espèce est dite européenne, mais des études génétiques ont en 2006 montré que des cas d'hybridation naturelle avec l'anguille américaine existent, avec jusqu'à 15,41 % d'hybrides dans les populations islandaises d'anguilles, et des valeurs allant de 6,7 % à 100 % selon les stades de la vie et les lieux. Toutes les anguilles trouvées en Europe sont considérées former une métapopulation unique
Les anguilles étaient réputées particulièrement rustiques et résistantes, grâce notamment à leur capacité à retenir l'eau dans leurs branchies, mais elles sont néanmoins en forte régression depuis les années 1980 et même maintenant considérées comme espèce menacée ou en danger critique, en Europe.
Di
DiurneUn animal est dit diurne lorsqu'il est actif le jour. On l'oppose au comportement nocturne.Ces comportements sont décrits dans le cadre de la bran...
Ca
CarnivoreUn carnassier ou carnivore est un être vivant dont le régime alimentaire est principalement fondé sur la consommation de chairs ou de tissus d'a...
Ch
CharognardUn charognard est un animal qui se nourrit de charogne, c’est-à-dire d’animaux morts qu'il n'a pas tués lui-même.
Mo
MolluscivoreIn
InsectivoreUn insectivore est un animal se nourrissant d'insectes ou d'autres arthropodes. Les animaux insectivores appartiennent à différents groupes syste...
Gr
GrégaireOv
OviparesL'oviparité est une stratégie de reproduction d'une espèce où l'ovule à maturation au sein de la femelle est ensuite pondu sous la forme d'un ...
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commence avecL'anguille d'Europe était autrefois abondamment présente en eau douce dans tous les cours d'eau et les zones humides les plus diverses (lacs, étangs, marais, mares, fossés des basses plaines, etc) de presque toutes les régions de basse altitude d'Europe. Mais c'est un poisson migrateur catadrome qui se reproduit à plusieurs milliers de kilomètres de là, dans la mer des Sargasses, au centre-ouest de l’océan Atlantique, à une profondeur supposée de 400 à 700 mètres ; ainsi, ses habitats varient selon son stade de développement. Une étude réalisée en 2020 émet l'hypothèse que la mer des Sargasses ne serait pas l'unique lieu de reproduction pour les anguilles européennes
Le développement se fait en plusieurs stades ;
Le comportement migratoire des larves reste assez mystérieux. Celui des civelles est mieux connu, mais est soumis à de nombreux facteurs qui interagissent de manière complexe.
Parmi ces facteurs, les spécialistes ont listé, outre le débit et le coefficient de marée :
Comme on peut s’y attendre chez un animal à sang froid, la température influe beaucoup sur son métabolisme et donc sa vitesse de migration ou son temps d’acclimatation à l’eau douce. En effet, la température des estuaires approche souvent 0 °C au moment de l’arrivée des civelles (même dans le sud de la France, après la fonte des neiges. On a déjà mesuré 2 °C dans l’estuaire de l’Adour) :
Un autre facteur important est le différentiel de température eau douce/eau de mer ; si ce différentiel dépasse 5 °C (et à partir de 3 °C de différence), pour des raisons mal comprises, la remontée des civelles semble provisoirement inhibée. Ceci explique que des captures importantes de civelles en migration aient pu être faites dans certains estuaires alors que la température était inférieure à 10 °C. La température de la mer variant proportionnellement beaucoup moins que celle des fleuves en raison de l’inertie thermique de l’océan, c’est la température des cours d’eau, de l’estuaire ou de la baie qui influeront le plus ce différentiel, les courants marins et les vents conservant néanmoins une certaine importance.
On peut donc penser que la tendance au réchauffement climatique et au réchauffement des cours d’eau par certaines installations de refroidissement industriel (dont de centrales nucléaires) pourrait encourager une remontée plus précoce des civelles. Inversement une fonte plus importante ou précoce de neige ou glaciers peut localement apporter en amont des cours d’eau une eau plus froide qui figerait un certain temps les populations de civelles.
Ce stade est souvent mesuré par le niveau de pigmentation de la civelle,,. Celle-ci remonte plus activement lorsqu'elle est plus pigmentée (Cicotti, 1993) alors qu'elle s'adapte peu à peu à l'eau douce.
Le sens de l'orientation de l'anguille reste en partie incompris. On s'est intéressé aux matériaux magnétiques ou susceptibles aux champs magnétiques présents dans l'organisme de l'anguille. On en a trouvé, qui diffèrent de ceux trouvés chez l'abeille ou d'autres espèces observées de ce point de vue, mais leur rôle éventuel est encore à éclaircir.
Elles sont tentées depuis longtemps et semblent particulièrement difficiles. On ne connaît d'ailleurs pas les conditions qui sont éventuellement nécessaires à l'anguille durant son voyage vers la mer des Sargasses et lors de l'accouplement, la fécondation et la ponte, ni la nourriture des alevins aux différents stades de développement, mais on comprend mieux les conditions neuroendocrinologiques de sa reproduction,.
Maurice Fontaine, océanographe français, serait le premier à avoir artificiellement réussi à (par l'usage d'hormones) provoquer la maturation des mâles, puis de femelles élevées en captivité (dans les années 1960). Vingt ans plus tard, des larves vivantes ont été obtenues à la suite d'une fécondation artificielle dans le cadre d'un programme danois de recherche, mais qui n'ont pas survécu plus de 2 jours et demi. En 2006, Jonna Tomkiewicz, a réussi à faire vivre d'autres larves plus longtemps (5 jours en 2006, durée portée à 12 jours en 2007). À ce stade de 12 jours, les larves qui ont vidé leur sac vitellin sont réputées pouvoir se nourrir seules, mais on ignore encore de quoi. Les expériences d'aquaculture de l'anguille japonaise ont montré que le nourrissage des alevins était en captivité très délicat.
De la fin des années 1980 aux années 2010, un déclin important et mondial est constaté, et inquiète les spécialistes du monde entier
Dans les eaux suédoises, les populations d'anguille d’Europe ont diminué de 95 % depuis les années 1960.
Les explications de cette régression semblent à la fois marine et terrestre, multifactorielle, et synergique, impliquant divers contaminants toxiques (divers organochlorés et pesticides bioaccumulés par l'anguille), la surpêche des civelles et peut-être des adultes, le braconnage, les obstacles sur la route des alevins et plus récemment une augmentation du taux de parasitisme dont par Anguillicola crassus qui peut perturber la migration marine des adultes semblent aussi avoir une part importante de responsabilité.
Depuis 2008 l'inscription à l'Annexe II de la CITES devrait renforcer l'encadrement de son commerce légal, car les préfets doivent désormais « transmettre sans délai les informations sollicitées concernant le braconnage et le commerce illicite de la civelle et de l'anguille à ses autres stades biologiques, ainsi que cela est prévu par la circulaire du 4 avril 2006 sur ce sujet ». Par ailleurs, « les DDAM et les DDEA, en relation avec les services de l'ONEMA pour ces dernières, doivent porter une attention toute particulière au suivi des obligations déclaratives concernant l'anguille. Les services chargés de cette mission doivent traiter et transmettre les données relatives aux captures de civelles, d'anguilles jaunes et d'anguilles argentées, de la manière la plus rigoureuse qui soit. Le respect de ces procédures est indispensable car, si les conditions imposées dans la carde de la CITES ne sont pas respectées, aucune exportation de cette espèce en dehors de l'Union européenne ne sera autorisée. Les DRAM et les DIREN secrétaires de COGEPOMI devront superviser le suivi des obligations déclaratives ». Une liste de pêcheurs professionnels potentiellement autorisés à pêcher l'anguille est établie.
Au début du XXe siècle, elle a encore une grande importance économique, et inquiet de sa régression localement, on s'intéresse à sa reproduction.
Jusqu'au milieu du XXe siècle, l'anguille figurait en Europe parmi les espèces les plus communes. À titre d'exemple, en 1983, Boisneau estimait que dans le département d'Ille-et-Vilaine (Bretagne, France), elle était la première ressource piscicole pour ce qui est de la biomasse (et la troisième en nombre).
L'anguille autrefois si commune a encore brusquement fortement régressé dans les années 1980-90 au point d'être aujourd'hui menacée et protégée (depuis juin 2007).
Vingt ans plus tard, bien que chaque femelle soit capable de pondre un grand nombre d'œufs, la mortalité des anguilles européennes était « supérieure au seuil de renouvellement des générations », ce qui condamne l'espèce sans actions pour la sauver.
En septembre 2007, le Conseil des ministres de l'Union européenne a validé un règlement européen instituant un plan de restauration de l'espèce. La Commission européenne a approuvé le plan de gestion de l’anguille en France en février 2010.
Avant 2007, l'anguille n'a été que très tardivement protégée par la loi et uniquement dans quelques pays, en dépit des alertes réitérées de certains scientifiques. Elle ne figurait pas dans la directive Habitats en Europe, alors que son habitat ne cessait de se dégrader et qu'y apparaissait de nouveaux polluants. Plusieurs études ont confirmé sa régression rapide et apporté des informations sur certaines causes de mortalité ou de mauvaise reproduction (parasitisme, intoxications chimiques). Elles ont justifié un projet européen de restauration des populations, en diminuant de 50 % la pêche et en réhabilitant ses habitats et corridors de migration, avec l'objectif de reconstituer 40 % des populations existant il y a 50 ans.