Taupe d'Europe
Royaume
Phylum
Subphylum
Classe
Commande
Famille
Genre
ESPÈCES
Talpa europaea
Taille de la population
Unknown
Durée de vie
3-5 years
Poids
70-130
2.5-4.6
goz
g oz 
Longueur
11-16
4.3-6.3
cminch
cm inch 

Talpa europaea • Taupe

La Taupe d'Europe (Talpa europaea) est une espèce de petits mammifères fouisseurs de la famille des Talpidés. Cet animal vit sous terre, s'y nourrissant de vers de terre en creusant des tunnels et terriers dans les sols meubles. Sa présence peut être signalée par des taupinières. La Taupe d'Europe est l'espèce type du genre Talpa qui regroupe les taupes d'Eurasie et dont elle est le plus important représentant. Elle est génétiquement très proche de la Taupe d'Aquitaine (T. aquitania), de la Taupe ibérique (T. occidentalis) et de la Taupe aveugle (T. caeca), et s'en distingue essentiellement par l'absence de pli cutané recouvrant les yeux. Le genre Talpa est originaire d'Asie à la fin du Miocène et s'est répandu en Europe au Pliocène. Traditionnellement classée dans l'ancien ordre des Insectivores, sa famille est rangée depuis les années 2000 dans l'ordre des Eulipotyphles aux côtés des hérissons et des musaraignes. L'adulte mesure, sans la queue, de 11 à 16 cm et pèse de 70 à 130 g, la femelle étant un peu plus petite et légère que le mâle. Il s'agit d'un animal au corps cylindrique s'achevant par une queue courte, au cou peu marqué, aux « mains » caractéristiques, développées en forme de pelle et armées de griffes. Le museau allongé est surmonté d'yeux minuscules et peu fonctionnels. Les oreilles sont dépourvues de pavillons. La femelle présente quatre paires de mamelles. Sa fourrure, dense et brillante, de couleur gris foncé à noir sur le dessus du corps, plus claire en dessous, est constituée de poils implantés perpendiculairement à la peau.

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Strictement carnivore, la taupe a des besoins alimentaires élevés et consomme quasiment son propre poids en nourriture par jour, dont 90 % est constitué de vers de terre. Son ouïe fine, son sens tactile prononcé et son odorat très développé pallient une vue déficiente et facilitent la détection de ses proies à travers les couches de terre. D'une nature solitaire et très peu sociable, voire agressive, elle ne rencontre ses congénères que lors de la reproduction, période durant laquelle la femelle hermaphrodite prend des attributs maternels plus marqués. Elle élève au printemps, durant six semaines, trois à cinq petits qui seront sexuellement matures l'année suivante. Les jeunes à la recherche de nouveaux territoires sont les plus sensibles à la prédation. Une population stable de taupes est constituée à parts égales de jeunes immatures, d'individus matures d'un an, et d'individus de deux ans et plus. La longévité de l'animal est limitée à cinq ans au maximum, à cause de l'usure de sa denture par la terre. Ses activités de fouissement en font une espèce ingénieur qui modifie fortement son environnement en aérant le sol et en remontant à la surface les éléments profonds. Par ses taupinières et ses galeries, elle facilite la vie de nombreuses plantes et favorise le développement de nombreux animaux comme des papillons de jour, d'autres micromammifères et des batraciens, mais également de quelques champignons.

Présente dans les climats tempérés d'Europe, jusqu'en Sibérie occidentale, la Taupe d'Europe fréquente des habitats variés. Elle se plaît notamment dans les prairies et les forêts de feuillus à sol meuble et peu acide, et dans une moindre mesure dans les forêts de conifères et les terrains acides ou fortement sablonneux et marécageux. Adaptée à la vie en milieu extrême, elle évolue dans un réseau de galeries souterraines sombre et pauvre en oxygène, d'une longueur de 100 à 200 m, généralement situé à moins de 15 cm de profondeur, mais pouvant s'enfoncer jusqu'à 150 cm. Une partie de ce réseau est quasi permanente et empruntée par des générations successives de taupes. Lorsqu'elle creuse ses galeries de chasse, la taupe évacue les déblais sous forme de taupinières par une cheminée verticale. Ce réseau comprend un gîte garni de feuilles sèches, situé au carrefour de plusieurs galeries, ainsi que des chambres secondaires, garnies de réserves alimentaires en prévision des mois de disette des étés secs ou des hivers froids.

Du point de vue agricole, elle diminue la quantité et la qualité du foin et de l'ensilage. La taupe provoque des dégâts aux cultures et au matériel, de même qu'elle détériore l'esthétique des gazons. C'est pourquoi elle est parfois considérée comme un animal nuisible. De nombreuses méthodes mécaniques et chimiques existent pour limiter son impact ; certaines étant aujourd'hui interdites, beaucoup restant inefficaces. L'effarouchement ou le piégeage mécanique avec les taupières sont considérés comme préférables. Par le passé, elle était chassée pour sa fourrure qui faisait l'objet d'un commerce florissant, principalement au début du XXe siècle. Le contact avec l'animal devrait se faire avec précaution car il est le réservoir d'un hantavirus spécifique dont la pathogénicité chez l'humain est inconnue, mais dont certains proches parents sont responsables de graves maladies. Ses populations sont stables et ne sont pas en danger, bien que la concentration d'individus diminue fortement dans les zones de cultures où l'usage des insecticides est en vigueur, ainsi qu'à proximité des zones industrielles et citadines où la pollution aux métaux lourds lui est défavorable. L'utilisation de la taupe dans les pratiques rituelles païennes, comme remède populaire, date au moins de l'Antiquité et a traversé les millénaires, malgré les condamnations de l'administration religieuse. La taupe est alors considérée comme un être des forces du mal, symbolisant la mort ; plus son agonie et sa souffrance duraient, plus la puissance du remède était forte et la délivrance du malade proche.

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Apparence

La Taupe d'Europe est un représentant de taille moyenne du genre Talpa, les Taupes eurasiennes. Elle atteint une longueur tête-tronc de 11,3 à 15,9 cm et sa queue mesure de 2,5 à 4,0 cm. Son poids varie de 72 à 128 g. Les mâles sont entre 26 et 33 % plus grands que les femelles. Ces dimensions corporelles varient fortement d'une région à l'autre, les spécimens vivant sous les latitudes plus septentrionales et dans les régions montagneuses ayant tendance à être plus petits, comme ceux subissant des sécheresses estivales sévères,.

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Comme toutes les espèces de son genre, la Taupe européenne est adaptée au mode de vie souterrain. Son corps présente une forme cylindrique, le cou est court et la tête de forme conique se termine par un museau pointu. La queue courte se rétracte à la base et reste généralement maintenue droite. La femelle présente quatre paires de mamelles, dont deux sont situées dans la région thoracique et deux dans la région lombaire. La tête porte des yeux minuscules. Ses oreilles sont invisibles de l'extérieur et dépourvues de pavillon auditif externe. Le museau pointu, terminé par un boutoir soutenu par un os spécial, est un organe tactile et fragile. Il n'est pas utilisé pour fouir,,.

Son corps est couvert d'une fourrure douce constituée de poils sombres généralement de couleur gris foncé à noire avec une teinte légèrement plus claire sur la face ventrale. Cette coloration est cependant assez variable, allant chez certains spécimens du blanc-gris argenté à l'orange et au brun café, en passant par le pie, le crème et le jaune. La longueur des poils est uniforme, variant de 7 à 8 mm en été puis de 9 à 12 mm en hiver. Des poils plus courts sont présents sur la tête, la truffe étant nue à l'exception de quelques vibrisses rigides, tout comme sur les membres et la queue. Très souples et très denses, les poils sont implantés perpendiculairement à la peau, ce qui permet à l'animal d'avancer ou de reculer facilement dans la galerie, ses poils se couchant selon le sens de progression,.

Les larges pattes antérieures polydactyles, courtes, orientées vers l'extérieur et recouvertes de corne, sont adaptées au creusement : elles sont munies de cinq doigts aux griffes puissantes et réunis par une membrane, presque jusqu'aux ongles, formant ainsi une sorte de pelle. À ceux-ci s'ajoute un os sésamoïde en forme de faucille. Ce « faux pouce » n'est pas un doigt supplémentaire mais provient du développement d'un os du poignet. À la différence des doigts classiques, composés de plusieurs segments, il est d'un seul tenant et se développe plus tardivement. Il tient son origine du même marqueur génétique, notamment de celui lié au développement du véritable pouce. Quant aux membres postérieurs, ils mesurent entre 1,7 et 2,8 cm de long et sont plus graciles, les griffes de leurs cinq doigts étant nettement moins développées, bien qu'ils soient aussi munis d'une sorte de protubérance aidant également au fouissement,.

Autrefois, la Taupe d'Europe était chassée pour sa fourrure, principalement dans les zones septentrionales de son aire de répartition. Rien qu'en 1906, environ un million de peaux ont été commercialisées à Londres et, dans les années 1920, environ deux millions étaient exportées chaque année vers les États-Unis. Dans l'ex-Union soviétique, entre vingt et trente millions de peaux arrivaient chaque année sur le marché durant la seconde moitié des années 1930. Ces chiffres ont diminué progressivement jusque dans les années 1960-1970 où cette pratique est abandonnée. Une fois tannée, la fourrure était utilisée pour réaliser des manteaux et des vêtements divers ; il fallait de l'ordre de 600 à 800 peaux de taupes pour confectionner un seul manteau,.

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Vidéo

Distribution

Géographie

La Taupe d'Europe est principalement présente dans les zones tempérées d'Europe. Son aire de répartition s'étend de l'ouest de la Grande-Bretagne au sud de la France métropolitaine, et vers l'est, à travers l'Europe continentale, jusqu'au sud de la Finlande, au nord de la Grèce et vers Istanbul, en Turquie. Elle s'étend également au-delà des monts Oural, en Russie asiatique, sur une petite partie de la plaine de Sibérie occidentale jusqu'à la confluence des fleuves Ob et Irtych. Elle se retrouve aussi sur de nombreuses îles de la Baltique et autour de la côte britannique, mais elle est absente d'Irlande, d'Islande, des îles de la mer du Nord, de certaines petites îles de la côte atlantique et des îles méditerranéennes dont la Corse, la Sardaigne et la Sicile, à l'exception de Cres dans le nord de l'Adriatique,.

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La Taupe d'Europe est présente dans la plupart des habitats où le sol est suffisamment profond pour permettre la construction de ses vastes réseaux de galeries, à la recherche des vers de terre, nourriture à laquelle elle est inféodée. Une superficie minimale d'environ 10 ha est nécessaire pour son implantation durable, la densité de sa population variant de 0,2 à 8,5 individus par hectare. Ses biotopes primaires sont les forêts mixtes et de feuillus, ainsi que les pelouses situées aux altitudes comprises entre le niveau de la mer et 2 400 m environ. Ses biotopes secondaires sont les prairies, les pâturages et les terres cultivées. Elle colonise également les jardins et les parcs des zones urbaines, mais ces habitats morcelés sont souvent délimités par des barrières infranchissables. Cette espèce se trouve rarement dans les forêts de conifères et dans les habitats avec un sol sableux, pierreux ou gorgé d'eau en permanence. De même que les vers de terre, elle évite généralement les sols acides, dont la valeur limite est un pH de 4,5. Sa densité diminue aussi dans les régions agricoles fortement industrialisées où la pollution, parfois importante, abaisse la qualité des sols. Enfin, elle est absente des steppes,,,,,.

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Taupe d'Europe carte des habitats

Zones climatiques

Taupe d'Europe carte des habitats
Taupe d'Europe
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Régime et nutrition

Les déplacements liés à la recherche de nourriture s'effectuent dans le réseau de galeries mais aussi en surface, leur intensité et leur durée étant déterminées par la répartition des proies dans le sol. Pour ce faire, la taupe parcourt son réseau, qui fonctionne comme une toile d'araignée retardant ou piégeant les vers de terre et autres proies. Trois méthodes de chasse sont pratiquées : un déplacement rapide à la vitesse d'un mètre par seconde en avalant tout ce qui est tombé dans la galerie et mobile ; un déplacement à faible allure en se fiant à son ouïe et son odorat pour repérer les vers de terre proches des parois et les tirer à elle ; un creusement de nouvelles galeries qui permet de découvrir de nouveaux territoires de chasse. Durant cette dernière phase, les vibrations propagées dans la terre poussent les vers à remonter à la surface pour se réfugier, ce qui est une aubaine pour certains oiseaux comme les merles et les grives qui savent reconnaître de l'extérieur les activités souterraines de la taupe. Imiter ces vibrations pour récolter des vers est une astuce que quelques pêcheurs connaissent également,.

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Pour consommer un ver de terre, la taupe le passe entre ses doigts, le compresse pour lui retirer la terre de son estomac, puis commence à le manger par la tête, l'avale en arrachant successivement des tronçons sans les mâcher et enfin se nettoie la fourrure du mucus rejeté par sa proie. Cette action dure généralement moins d'une dizaine de secondes.

Le régime alimentaire de la Taupe d'Europe est principalement constitué de vers de terre. Elle semble préférer les espèces moyennes à grandes de la famille des Lumbricidae appartenant au groupe des anéciques, qui construisent des galeries verticales et au groupe des endogés, qui construisent des galeries horizontales. Ce sont des saprophages ou des géophages qui appartiennent surtout, par ordre d'importance, aux genres Lumbricus, notamment le Lombric commun (Lumbricus terrestris), Allolobophora dont le Lombric vert (Allolobophora chlorotica) et Octolasion à l'instar du Lombric bleu (Octolasion cyaneum) ainsi que d'autres espèces comme le Lombric marbré (Aporrectodea icterica). Tout de même, elle ne délaisse pas les petites espèces épigées de la litière et proches de la surface comme le Lombric châtain (Lumbricus castaneus) et le Lombric à queue octogonale (Dendrobaena octaedra),,,,.

Outre les vers de terre, divers animaux du sous-sol font également partie de ses repas, à savoir des cochenilles, des mille-pattes, des diplopodes et des larves et nymphes d'insectes fouisseurs notamment de coléoptères comme celles de Hannetons, de Taupins et de Carabes, de diptères comme celles de Dolichopodidae, de Tipulidae, d'Empididae, de Sciaridae et de Bibionidae, et également des larves et chrysalides de lépidoptères comme celles de la famille des Noctuidae. S'y ajoutent des fourmis, des perce-oreilles, des escargots, des limaces et leurs œufs, des sangsues, des araignées et des puces. La Taupe est ainsi un carnivore strict, contrairement au Campagnol terrestre qui est herbivore,,,,,.

La composition du régime alimentaire ne dépend ni de l'âge ni du sexe de l'individu. En revanche, il existe des variations saisonnières dans la proportion de vers de terre : celle-ci reste plus élevée au printemps et en automne, mais plus faible en été et en hiver. Ainsi, bien que sa proportion soit généralement de 90 %, elle peut baisser à 50 %, voire exceptionnellement à 10 % durant l'été à mesure qu'augmente celle des larves d'insectes, tandis que les mille-pattes et apparentés sont présents toute l'année. Localement, cette diversité alimentaire peut se révéler particulière avec la découverte d'enclaves aux concentrations spécifiques comme des colonies de larves de diptères ou de fourmis,,.

En préparation des mois estivaux et hivernaux de disette, la taupe fait des réserves de plusieurs centaines de vers de terre qu'elle paralyse en les mordant au niveau d'un anneau situé derrière leur tête, pouvant ainsi les stocker vivants dans la galerie, dans des culs de sac, de petites dérivations ou plus rarement dans des chambres spécialement dédiées. Certains garde-mangers peuvent contenir jusqu'à 800 vers de terre d'un poids total de 1,5 kg, ce qui correspond à une quantité de nourriture pour plus de trois semaines ; quelques-uns peuvent même dépasser les 1250 individus. Au bout de quelques mois, les tissus lésés des lombrics non consommés se régénèrent et ils peuvent sortir de leur léthargie, c'est la paradiapause,,,,.

Une taupe adulte mange plus de la moitié de son poids en une journée. Sa petite réserve de graisse lui permet de tenir une journée et demie de jeûne. Une taupe mâle de 110 g a besoin de 75 à 90 g de nourriture par jour, tandis qu'une femelle de 85 g a besoin de 70 à 90 g. En proportion, le mâle absorbe ainsi chaque jour environ 75 % de son propre poids en nourriture, la femelle environ 90 %. Lors d'un repas, jusqu'à 50 g de nourriture peuvent être consommés. La taupe boit également régulièrement de l'eau, bien qu'elle en trouve dans les vers,,,.

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Habitudes d’accouplement

La Taupe d'Europe voit mal les formes, mais discerne assez bien l'alternance d'ombre et de lumière, ainsi que les mouvements. Cette caractéristique la rend vulnérable en surface, mais pas en sous-sol, et contredit l'expression « myope comme une taupe » ; une expression qui correspondrait mieux à la Taupe aveugle. Elle entend parfaitement, l'absence de pavillon étant palliée par la réverbération des sons dans les galeries. Ce prédateur est doté d'un odorat très puissant, capable de repérer un ver de terre ou une cochenille dans dix centimètres de terre. Son sens tactile est très développé, grâce à ses vibrisses présentes sur le museau, mais aussi sur les pattes antérieures et la queue, ainsi que par des papilles spécialisées à l'extrémité du museau. Ce système sensoriel spécifique, encore plus développé chez les Condylures, est nommé organe d'Eimer, en l'honneur du zoologiste allemand Eimer, qui l'a isolé chez la Taupe d'Europe pour la première fois en 1871,,.

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Comme les mammifères et les humains vivant à haute altitude, la Taupe d'Europe a développé des mécanismes respiratoires lui permettant de supporter un milieu confiné, à l'atmosphère chargée en dioxyde de carbone et en humidité et faible en oxygène. Elle possède les poumons les plus volumineux, proportionnellement, de tous les micromammifères et une quantité totale de sang par unité de poids deux fois plus importante. Ce sang présente une concentration très prononcée en oxygène, un taux d'hémoglobine élevé et des globules rouges comparables en nombre à ceux du Hérisson, mais de poids et de volume beaucoup plus importants,. Enfin, son hémoglobine permet de fixer un grand nombre de molécules de dioxyde de carbone, un mécanisme d'adaptation à l'hypercapnie provoquée par la vie souterraine.

La taupe a la réputation d'être hémophile, c'est-à-dire qu'une fois blessée, son sang ne coagulerait pas rendant sa mort inévitable. Ceci explique pourquoi certains jardiniers déposent encore des matériaux coupants dans les galeries, mais aucune preuve scientifique ne vient étayer cette légende, dont l'origine pourrait être l'observation d'hématomes chargés de sang sur des animaux morts après un combat entre mâles.

La taupe pourrait vivre de 10 à 20 ans, mais l'usure prématurée de ses dents, due à la terre et au sable contenus dans les lombrics qu'elle mange, limite en général cette espérance de vie à moins de 5 ans,.

La Taupe d'Europe est un animal peu sociable qui vit seul dans ses galeries souterraines et évite le contact avec ses congénères en dehors de la période de reproduction. Selon des études menées sur des animaux en Écosse, le mâle et la femelle occupent en moyenne un territoire de 2 000 m2. Le territoire de la femelle reste stable tout au long de l'année, alors que celui du mâle peut s'étendre jusqu'à 6 000 m2 pendant la phase de reproduction. Des chevauchements marginaux se produisent, mais ils sont moins importants chez les individus de même sexe. En moyenne, le chevauchement est de 13 %. Les galeries et les nids sont marqués par des sécrétions olfactives provenant de glandes anales, principalement composée d'acides carboxyliques, qui ont un usage social en indiquant le territoire de la taupe à ses congénères. En règle générale, le nid est situé au centre de ce territoire et un autre individu est toléré jusqu'à une distance de six mètres. Ainsi, pour éviter les confrontations, les voisins utilisent souvent des créneaux horaires différents. Cependant, la durée de ce marquage chimique est assez faible, un territoire inoccupé étant réaménagé après 18 à 24 heures par les riverains,.

Lors du rut, qui a lieu de la fin de l'hiver au tout début du printemps, le mâle se met en quête d'une femelle en creusant une galerie en ligne droite dans le sol ou juste sous la surface ; un phénomène visible de l'extérieur par l'alignement rectiligne des taupinières. Parfois, ce déplacement s'effectue à ciel ouvert créant ainsi un petit sentier nommé par les naturalistes « traces d'amour » ou « parcours de rut ». Ce déplacement peut mener à de grandes migrations, ce qui distingue la Taupe d'Europe de la Taupe romaine, où les mâles copulent principalement avec les femelles voisines. Lors de cette phase sexuellement active, les testicules des mâles augmentent considérablement, passant d'une moyenne de 120 mg à 300 mg. La teneur en testostérone augmente également et reste à un niveau plus élevé après la phase de reproduction printanière jusqu'à la deuxième période d'accouplement si elle échet. Le mâle de la taupe parvient à détecter les chaleurs des femelles à travers la couche de terre. Néanmoins, celles-ci ne durant au maximum que 20 à 30 heures, il n'est pas rare qu'il soit éconduit. Parfois, deux mâles s'affrontent violemment en se mordant et en se frappant de leurs pattes avant, tout en émettant des sons stridents,,.

Les organes sexuels des femelles sont une caractéristique frappante de plusieurs espèces du genre Talpa dont Talpa europaea et exceptionnelle chez les mammifères. En effet, elles sont hermaphrodites : leurs ovaires gonflent pendant la phase de reproduction printanière alors qu'en période d'inactivité sexuelle automnale, la proportion des testicules augmente considérablement en simultané avec le taux de testostérone, sans pour autant produire de spermatozoïdes : ce sont des ovotestis. En corrélation avec cette situation gonadique particulière, la taupe femelle présente un clitoris pénien traversé par un canal urétral, à l'instar des Hyènes. Chez le mâle, le développement des testicules est inversé : ils se développent au printemps et régressent en automne. Le taux de testostérone est un covariant de l'agressivité qui semble être un atout pour défendre son territoire mais qui doit être momentanément réduit chez la femelle pour accepter l'accouplement,,. Dans la même logique, la taille des glandes anales et la quantité de leurs sécrétions olfactives sont corrélées au taux de testostérone, augmentant pendant la saison de reproduction chez les mâles et diminuant pendant la période d'œstrus chez la femelle. En dehors de cette saison particulière, les mâles et les femelles sécrètent un signal olfactif identique qui maintient l'intégrité territoriale de l'individu.

La reproduction donne lieu en général à une seule portée par an au printemps, de deux à sept petits et souvent de trois à cinq. Une seconde portée peut se mettre en place en fin d'été ou en automne, surtout dans le sud de l'aire de répartition. La gestation dure environ quatre semaines et l'allaitement environ six semaines. Pendant cette période, la femelle mange nettement plus de nourriture, mais contrairement aux musaraignes, elle n'augmente pas la taille de son territoire, la zone maintenue le reste de l'année semblant suffire pour faire face aux demandes énergétiques accrues de la lactation. À la naissance, les petits, nus et aveugles, pèsent entre 3,2 et 3,5 g et mesurent environ 4 cm de long. Leur couleur extérieure passe du rouge vif, au rose, puis au gris bleu pour enfin être noir d'encre. À trois semaines, les yeux s'ouvrent et les jeunes mesurent alors en moyenne 12 cm de long et leur pelage s'est développé. À l'âge d'un mois, les jeunes explorent les galeries en suivant leur mère et, à l'âge de six semaines, au début de l'été, ils quittent définitivement le nid maternel pour chercher un nouveau territoire. Se déplaçant souvent en surface, ils sont des proies faciles pour leurs prédateurs, leur mortalité étant alors relativement élevée. Lors de leurs explorations, ils tombent fréquemment sur des réseaux de galeries habités par des congénères, ce qui donne lieu à de violents affrontements. Leur maturité sexuelle n'est effective que l'année suivante où il ne restera qu'un quart à un tiers de la population initiale,,.

Dans les populations stables, le taux de mortalité annuel reste relativement constant, entre 50 et 60 %. Dans des populations écossaises et polonaises comparables, la proportion de jeunes était d'environ un gros tiers, un autre tiers représentait des individus qui venaient d'atteindre leur maturité sexuelle, tandis que 20 % étaient des animaux âgés d'environ deux ans et demi. Les individus âgés de plus de trois ans étaient rares et représentaient moins de 10 % de la population,.

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Population

Effectif de la population

La Taupe d'Europe est largement répandue, relativement fréquente dans ses habitats typiques et ses populations sont considérées comme stables. L'UICN la classe d'ailleurs dans la catégorie espèce de préoccupation mineure. Elle peut toutefois être localement mise en difficulté pour sa qualification de nuisible ou à cause de certains polluants, mais il ne semble pas nécessaire de prendre des mesures de protection particulière,,.

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Cette espèce est tout de même protégée dans certains pays dans le cadre général du bien-être animal des mammifères et de l'interdiction de faire preuve de cruauté envers eux. Seul l'effarouchement est alors autorisé pour limiter ses dégâts. C'est le cas en Allemagne, en Autriche et en Suisse. En France, aucune réglementation spécifique ou générale ne protège cette espèce.

Les taupes se nourrissent quasi-exclusivement de vers de terre. Or, ceux-ci se trouvent parmi les premiers êtres vivants à être menacés par les polluants du sol auxquels ils sont très sensibles à cause de leur localisation dans les couches supérieures et de leur régime alimentaire. Vivant assez longtemps pour accumuler ces produits qui leur sont néfastes, les taupes sont des bioindicatrices particulièrement fiables de la qualité des sols. C'est notamment le cas des populations vivant à proximité des zones industrielles et des zones urbaines qui sont contaminées par des métaux lourds comme le zinc, le cuivre, le cadmium, le mercure et le plomb,,. De même, les fortes concentrations de particules de microplastiques affectent la croissance et la survie de certains vers de terre, surtout ceux provenant de plastiques biodégradables. Au niveau agricole, les milieux voués à l'agriculture industrielle et pollués aux insecticides tels que les néonicotinoïdes et le fipronil représentent une menace directe pour les vers de terre et leurs prédateurs en s'accumulant également dans la chaîne alimentaire. À l'inverse, l'abondance des vers de terre augmente lorsque l’usage des pesticides diminue, les parcelles gérées en agriculture biologique étant plus favorables que celles en conventionnel,,,.

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Coloring Pages

Références

1. Taupe d'Europe article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Taupe_d%27Europe
2. Taupe d'Europe sur le site de la Liste Rouge de l'UICN - https://www.iucnredlist.org/species/41481/22320754

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