Loutre de mer
Royaume
Phylum
Subphylum
Classe
Commande
Sous-commande
Famille
Sous-famille
Genre
ESPÈCES
Enhydra lutris
Taille de la population
126,000
Durée de vie
19-23 years
Vitesse de pointe
11
7
km/hmph
km/h mph 
Poids
14-45
30.8-99
kglbs
kg lbs 
Longueur
1-1.5
3.3-4.9
mft
m ft 

Enhydra lutris

La loutre de mer (Enhydra lutris) est une grande loutre (famille des mustélidés) vivant dans le Pacifique Nord, du nord du Japon (île de Hokkaidō) à la Californie, en passant par le Kamtchatka, les îles Aléoutiennes et l'Alaska. C'est la plus aquatique et la plus massive des loutres (elle peut atteindre jusqu'à 45 kg), mais aussi la seule à pouvoir vivre en permanence dans la mer.

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La loutre de mer ne doit pas être confondue avec la loutre marine, Lontra felina, encore appelée chat de mer ou chungungo, qui vit le long des côtes du Pérou et du Chili et qui a besoin d'abris terrestres. Il arrive aussi quelquefois que certaines loutres d'eau douce, comme la loutre d'Europe, fassent des incursions en mer (le cas est même assez fréquent dans certains pays comme en Irlande), mais leur organisme n'est pas adapté à des séjours prolongés.

Les loutres de mer forment la seule espèce du genre Enhydra.

Chassées intensivement à compter de 1741 pour leur fourrure (la plus dense de tous les mammifères avec jusqu'à 170 000 poils par centimètre carré), les populations de loutre de mer ont été considérablement réduites, disparaissant même de nombreuses régions de leur zone de répartition historique. En 1911 on a estimé que leur population mondiale était tombée entre 1 000 et 2 000 individus. Bien que plusieurs sous-espèces soient encore en danger, les loutres marines, qui sont légalement protégées, ont vu leur population fortement augmenter. Les efforts de réintroduction ont également montré des résultats positifs.

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Apparence

Les loutres de mer sont les plus lourdes des loutres (entre 25 et 30 kg), mais pas les plus grandes (entre 0,80 et 1,5 m).

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Avec leurs longs corps profilés, les loutres de mer sont adaptées à la vie en mer, une mer tempérée (Californie) à froide (Alaska, Kamtchatka) dont la température oscille souvent entre 1 et 13 °C seulement. La loutre a dû développer des adaptations très particulières pour survivre dans un tel milieu, en particulier au niveau de sa fourrure.

Celle-ci varie d'un brun rougeâtre au noir. Particulièrement dense (140 000 à 170 000 poils par centimètre carré), elle isole l'animal et maintient une couche d'air sous les poils, créant une barrière efficace entre l'eau et la peau. Le pelage comporte des poils longs, brillants, épais et résistants : les jarres. Il comporte aussi des poils courts, très denses, plus fins : la bourre. La loutre enduit ses poils avec la sécrétion de glandes cutanées huileuses, qui les imperméabilisent temporairement, et doit régulièrement être réappliquée. Le temps passé à imperméabiliser sa fourrure par la loutre de mer est de plusieurs heures par jour.Le poil imperméabilisé (surtout la bourre), retient de nombreuses bulles d’air qui assurent l’isolation thermique (la peau reste plus ou moins sèche). Chez les jeunes, la quantité d’air est telle que ceux-ci ne peuvent ni plonger ni couler, ce qui est essentiel dans la mesure où ils ne savent pas nager à la naissance.

Les loutres ne possèdent pas de couche de graisse isolante comme les autres mammifères marins. L’eau provoquant une perte de chaleur 25 fois plus rapide que l’air, les animaux à sang chaud qui vivent dans l’eau doivent s’isoler, mais aussi produire plus de chaleur. L’isolation est fournie chez la loutre de mer par la fourrure, la production de chaleur par un métabolisme environ deux fois plus élevé que chez un mammifère terrestre de même taille. Ce métabolisme explique que la loutre de mer doive manger près de 25 % de son poids chaque jour pour maintenir sa température interne de 35 degrés Celsius (10 % seulement chez la loutre d'Europe, qui passe beaucoup moins de temps dans l’eau).

Il existe d'autres adaptations à la vie aquatique :

  • les narines et les oreilles se ferment hermétiquement pendant la plongée ;
  • l' apophyse épineuse (les « épines » qui sortent de la colonne vertébrale) est très développée, comme chez d’autres mammifères marins, ce qui offre un meilleur ancrage aux muscles du dos ;
  • la circulation sanguine a la particularité (dite rete mirabile) d’être constituée (sous le derme) par un mélange de petites veines et de petites artères, les veines étant structurées pour bénéficier de la chaleur dégagée par les artères, ce qui réduit les pertes de chaleur ;
  • les poumons sont 2,5 fois plus larges que ceux d’un mammifère de même taille, pour favoriser les plongées (la loutre n’a en effet pas les couches de graisse épaisses des autres mammifères marins, qui leur servent à l’isolation thermique, mais aussi à stocker de l’oxygène pour les plongées) ;
  • le taux d’ hémoglobine est plus important que chez un mammifère terrestre, facilitant le stockage de l’oxygène en plongée ;
  • le sang des loutres de mer a une grande capacité régulatrice qui aide ces animaux à supporter les excès de CO2 accumulés sous la pression durant la plongée ;
  • les naissances peuvent être reportées en cas de climat marin trop perturbé (voir le chapitre reproduction) ;
  • la lèvre supérieure, le nez et le dessus des yeux sont entourés de longues vibrisses (ressemblant aux « moustaches » des chats) qui repèrent les mouvements de l’eau, ce qui permet à l’animal de se diriger et de chasser dans des milieux aquatiques à faible visibilité ;
  • les yeux, les oreilles et les narines sont situés sur le dessus du crâne, comme chez beaucoup d’animaux aquatiques à respiration aérienne, ce qui permet à la loutre de rester dissimulée dans l’eau tout en respirant et en surveillant les alentours ;
  • les pattes avant ont des griffes rétractiles, alors que les pattes/nageoires postérieures sont plus longues, largement aplaties et palmées : ce sont surtout ces dernières qui servent à la propulsion.
  • Les reins sont plus gros que ceux des autres espèces de loutres, semble-t-il pour mieux éliminer l'accumulation de sel marin de l'organisme.

Sous chacune des puissantes pattes avant se trouve une poche de peau, employée pour stocker temporairement la nourriture ramassée pendant les plongées au fond, ou les pierres qu’elles utilisent volontiers comme outils.

Les loutres ont une queue assez courte, épaisse et musculeuse, qui leur sert de gouvernail.

Les loutres mâles peuvent atteindre un poids maximum de 45 kg et une longueur allant jusqu'à 1,5 m. La moyenne est cependant plutôt d'une trentaine de kilogrammes pour les mâles. Les femelles sont plus petites (un peu plus d'1 m), avec parfois seulement 70 cm, pour un poids moyen d’environ 23 kg.

Les femelles ont deux mamelles seulement.

Les deux canines supérieures sont très puissantes, et sensiblement plus grosses que les autres dents. Les deux canines inférieures sont également de bonnes tailles, mais plus petites. Les molaires sont robustes, sans doute une adaptation à une nourriture partiellement constituée d'animaux à coquilles ou carapaces.

Les loutres mènent des vies relativement longues : jusqu'à 23 ans dans la nature (quinze - vingt ans en moyenne).

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Vidéo

Zones climatiques

Loutre de mer carte des habitats
Loutre de mer
Attribution-ShareAlike License

Habitudes et mode de vie

Les loutres de mer peuvent être solitaires ou vivre en groupes. Ces animaux sont en général plutôt sociaux, et on a relevé en Alaska des groupes comptant jusqu’à 2 000 individus. En Californie, où la population est moins importante, les groupes font plutôt de 10 à 100 individus. Les groupes sont souvent sexuellement séparés, les groupes de mâles étant en général plus importants que ceux des femelles.

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En surface, les loutres de mer nagent souvent sur le dos. On peut supposer qu’il s’agit d’une adaptation à la vie en eau froide. Cette position permet de maintenir le bout du museau et les pattes hors de l’eau. Ces zones du corps sont en effet dépourvues de fourrure (mais ne représentent qu’1 % de la surface corporelle). Les loutres passent en posture ventrale quand elles souhaitent nager plus vite, par exemple en situation de fuite. Elles se reposent sur le dos en s'enroulant dans les frondes géantes du kelp, ce qui leur évite de dériver pendant qu'elles mangent ou pendant leur sommeil.

Les femelles ont une durée de vie plus importante que celle des mâles, avec 15 à 20 ans d'espérance de vie, tandis que les mâles ne vivent que de 10 à 15 ans.

Les loutres de mer dorment sur le dos dans l'eau. En groupe, elles se donnent souvent la main en dormant pour ne pas dériver et rester ensemble.

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Comportement saisonnier

Régime et nutrition

La loutre de mer vient à terre là où cela est possible, surtout pour se protéger des tempêtes, mais n'en a pas vraiment besoin, pas même pour la reproduction, qui est largement aquatique, de la conception à la naissance (voir le chapitre reproduction).Près des zones très habitées (comme en Californie), certaines populations de loutres ne viennent jamais ou presque jamais à terre.

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Les données contradictoires concernant les déplacements des loutres de mer suggèrent que ceux-ci (ou leur absence) dépendent de la disponibilité des ressources alimentaires. Elles ne bougent généralement que de 1 à 2 km par jour, et ont des territoires qui peuvent dépasser 5 km².

La loutre de mer est un animal diurne. La majeure partie de sa journée est consacrée au toilettage et à la recherche de nourriture.

Le toilettage est essentiel : dépourvue de graisse isolante, la loutre de mer dépend pour sa survie de la protection offerte par sa fourrure. Celle-ci doit être régulièrement nettoyée et graissée (voir le chapitre description physique) pour conserver son efficacité, sous peine d'hypothermie.

La recherche de nourriture est plus intense le matin et le soir (alimentation crépusculaire).

La loutre prélève ses proies sur le fond de la mer. Les plongées sont assez courtes, ne durant généralement pas plus de 90 secondes, mais elles peuvent atteindre 4 ou 5 minutes.

La nourriture est largement constituée de diverses espèces de bivalves, d’escargots, de chitons, de crabes, d’étoiles de mer, d'oursins et même parfois de poissons. Il y a semble-t-il des variations géographiques dans le régime de l'animal. Si les poissons semblent un apport relativement marginal dans les eaux nord-américaines, ils seraient au contraire importants « dans certaines parties des îles Aléoutiennes et du Commandeur ainsi que dans les Kouriles »

Dans les eaux obscures ou sales, elle détecte ses proies à l'aide de vibrisses, moustaches sensibles qui ornent ses joues.

Du fait de cette nourriture, qui vit essentiellement sur le fond, la loutre de mer n'a pas vraiment de saison de reproduction, mais on note des pointes entre mai et juin dans les populations nordiques, et entre janvier et mars dans les populations méridionales.

Les femelles adultes lavent et (au besoin) ouvrent leurs proies avec une roche qu'elles gardent dans leur poche. La roche peut être utilisée comme enclume : l'animal fait la planche, pose la pierre sur son ventre, et frappe le coquillage dessus. Elle peut aussi être utilisée comme marteau. Les loutres de mer présentent ainsi un exemple d'utilisation d'outil par un mammifère non humain,.

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Habitudes d’accouplement

COMPORTEMENT D’ACCOUPLEMENT

Il n'y a pas vraiment de saison de reproduction, mais on note des pointes entre mai et juin dans les populations nordiques, et entre janvier et mars dans les populations méridionales.

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Les mâles ont des partenaires féminines multiples, mais sans vie commune. Les mâles et les femelles se rapprochent pendant les chaleurs de la femelle. Les femelles évitent les mâles en dehors de cette période. Durant la période des chaleurs, les mâles défendent leurs territoires ; il n'y a que très rarement des combats réels, la plupart des conflits se réglant par intimidation. Les femelles adultes ont des cicatrices caractéristiques de l'habitude qu'ont les mâles de leur tenir la tête entre leurs mâchoires pendant la reproduction.Quand les mâles et les femelles se font la cour, ils nagent rapidement et plongent ensemble, le mâle faisant des tire-bouchons dans l'eau. Pendant l'accouplement, le mâle mord la femelle sur la nuque, le cou ou le nez, lui laissant des cicatrices.

La gestation est de 4 à 6 mois, bien qu'elle puisse être prolongée de plusieurs jours à une année si l'œuf fertilisé ne s'enfonce pas immédiatement dans la paroi utérine. Pendant cette période de suspension, l'œuf ne se développe pas. Ceci se produit en particulier quand l'agitation de la mer (tempêtes) perturbe l'implantation. Il s'agit sans doute d'une adaptation qui optimise la reproduction et la protection des jeunes dans le milieu rude d'un océan froid aux tempêtes fréquentes.

La gestation finit habituellement par une naissance simple. Les jumeaux sont une rareté, et habituellement seul l'un d'entre eux survit. Les nouveau-nés font 1,5 à 2,3 kg, ont les yeux ouverts et une fourrure déjà épaisse, pour flotter et survivre dans l'eau froide. La grosse taille des petits est tout à fait inhabituelle chez un mustélidé. D'après James Bodkin et Daniel Monson, de l’Alaska Science Center, cette taille importante est une adaptation aux rigueurs de la vie océanique. Ils notent à ce propos que le rapport entre le poids de la mère et celle du petit Enhydra lutris est beaucoup plus proche de celui existant chez les pinnipèdes que chez les mustélidés en général.

Les naissances peuvent se faire à terre avec transport rapide des jeunes vers l'eau, ou directement en mer. Le nombre des naissances en mer serait plus important chez les loutres de Californie (même si on y trouve des naissances terrestres d'après R. J. Jameson) que chez les 2 sous-espèces nordiques.

En cas de décès du petit, la femelle entre souvent en chaleur dans les jours qui suivent, et retombe enceinte presque aussitôt. Les décès des petits étant plus fréquents l'hiver, compte tenu des conditions climatiques, cette particularité assure une naissance à un moment statistiquement plus favorable, c’est-à-dire le printemps ou l'été.

Les petits peuvent assimiler de la nourriture solide très peu de temps après leur naissance. Ils sont jaune brunâtre, et restent en permanence près de la mère, dont ils sont dépendants six mois ou plus. La mère enseigne aux petits comment chasser, plonger, et se toiletter efficacement. Elle a en général un petit tous les ans ou tous les deux ans. Ceux-ci commencent à plonger vers l'âge de 2 mois. Ils restent avec la mère 5 à 8 mois après la naissance.

La plupart des femelles sont sexuellement matures vers trois ou quatre ans, parfois même deux ans : « Une petite proportion des femelles a son premier petit à 2 ans, environ 50 % se reproduisent pour la première fois à l'âge de trois ans, et la plupart des femelles ont eu un petit à l'âge de 4 ans ».Les mâles se reproduisent rarement avant 5-6 ans, bien que la maturité sexuelle physique puisse être atteinte plus tôt.

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Population

Effectif de la population

La compilation des estimations des populations locales est difficile, sachant que les méthodes utilisées sont différentes selon les équipes scientifiques, et que les années d'observation ne sont pas les mêmes.

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La principale différence vient de l'utilisation de la méthode du comptage des seuls animaux vus, ou de la méthode du comptage estimé, qui ajoute aux animaux observés une hypothèse sur une proportion d'animaux non observés.

Le total des estimations ci-dessous peut-être considéré comme un minimum, beaucoup de ces estimations ne reposant que sur les observations directes, lesquelles ne peuvent espérer être exhaustives. Le total des animaux vivants en 2007 peut donc être estimé entre 100 000 et 150 000 bêtes.

(a) Comptage direct des seuls animaux observés.(b) Estimations corrigées en fonction des animaux non observés.

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Coloring Pages

Références

1. Loutre de mer article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Loutre_de_mer
2. Loutre de mer sur le site de la Liste Rouge de l'UICN - http://www.iucnredlist.org/details/7750/0

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