Mite des vêtements
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Tineola bisselliella

Tineola bisselliella

Tineola bisselliella, connue sous le nom de Teigne commune des vêtements ou de Mite des vêtements, est une espèce de petits lépidoptères (papillons) de taille variable (environ 7 à 10 mm ou un peu plus), qui appartiennent à la famille des Tineidae.

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La mite des vêtements appartient aux insectes kératophages (bio-décomposeurs capables de dégrader la kératine, une protéine présente dans les poils, plumes et cuticules de nombreux animaux).

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Apparence

  • Pièges à mites de vêtements - Des tablettes collantes imbibées de phéromones attirant les mites mâles sont commercialisées. Ce type de piège peut aussi être un moyen de détecter le début d'une « invasion ». Cette étape peut aider à contrôler une infestation en cours en empêchant que les mâles ne s'accouplent avec des femelles ; un tissu de laine humidifié et disposé à l'ombre dans une pièce à risque, et passé au four à micro-onde une fois par semaine peut aussi servir de piège, mais probablement bien moins efficacement ;
  • Modification chimique d'atmosphère, par fumigation, cryofumigation (Des vêtements ou autres objets infestés peuvent être enfermés dans un sac de plastique hermétiquement fermé ou une autre enceinte étanche avec de la glace carbonique, (trois à cinq jours) qui va produire une quantité de dioxyde de carbone assez importante pour asphyxier les mites des vêtements.
  • Nettoyage à sec - Cette étape tue les mites des vêtements (et aide à éliminer l'humidité des vêtements).
  • Traitement par le froid ( cryogénie. Les variations de poids, la teneur en eau et le point de surfusion (SCP) ont été étudiés dans Tineola bisselliella à différents stades de son développement. On a montré que l’œuf (poids frais de 0,037 mg et en dépit d'une teneur en eau de 314 % du poids sec), est le stade le plus résistant au froid et au gel (jusqu'à −20 °C (après 30 h d'exposition ) ou -23 °C selon les auteurs), mais 15 heures à -20 °C suffiraient à tuer 99,99 % des œufs (selon un modèle temps d'exposition/température et selon des données expérimentales de laboratoire). Le second stade larvaire (avec environ 2,5 mg et une teneur en eau de 145 % du poids sec) est le plus vulnérable (mort à -13 °C). Bien que de fortes différences de poids et de tailles entre papillons mâles et femelles, -19 °C est une température létale pour les deux sexes). Par sécurité, l'objet à traiter peut être conservé plusieurs jours à des températures inférieures à -23 °C (ou plus brièvement à -30 °C), dans un congélateur (dehors dans un sac dans un pays très froid). Parmi 4 espèces de mites testées pour la résistance de leurs œufs au froid, les œufs de T. bisselliella étaient les plus résistants.
  • Traitement thermique. Un passage d'une minute à 3 minutes au four à micro-onde (pour des objets ne contenant aucune partie métallique, et aucun fil métallique), ou un passage dans une enceinte à 49 °C (durant 30 minutes ou plus), éventuellement dans un sac de plastique noir fermé exposé au soleil dans un pays chaud permettent de tuer les œufs, larves et adultes. En laboratoire, une mortalité totale à tous les stades a lieu à des températures assez basses (41 °C durant 4 h). Les œufs sont le stade le plus résistant (certains œufs éclosent encore à 35 °C ou survivent à 4 h d'exposition à une température de 40 °C). Le développement complet d'un cycle de vie est possible à 33 °C.
  • Lavage des vêtements (au-dessus de 49 °C).
  • Aspiration. Comme les papillons ou leurs larves peuvent se cacher dans les tapis et les plinthes, l'utilisation d'un aspirateur est une étape importante vers l'éradication (en jetant rapidement le contenu de l'aspirateur).

Distribution

Géographie

Dans la nature, les chenilles de ces papillons — comme d'autres insectes kératophages — sont notamment présentes dans les nids d'oiseaux où elles se nourrissent des plumes et de certains restes de nourriture. Elles jouent aussi un rôle positif en éliminant de l'environnement certaines parties moins dégradables (peau, fourrure, ongles, griffes, cornes, sabots...) des cadavres de mammifères et d'autres animaux.

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C'est aussi le cas des cadavres humains momifiés. Des chrysalides de mites des vêtements peuvent d'ailleurs servir d'indice à la médecine légale pour identifier la date de la mort, si elle n'est pas trop ancienne (quelques années), comme ce fut le cas, semble-t-il pour la première fois avec le Dr Bergeret, médecin de l'Hôpital civil d'Arbois, qui en 1850 a utilisé l'examen de pupes et cadavres de mouches et de larves de mites pour dater la mort d'un bébé momifié retrouvé peu de temps avant par un maçon dans une cavité fermée, contre une cheminée. La mort datait selon cette enquête de 4 ans plus tôt, et il restait encore des chenilles de mites vivantes à l'intérieur du cadavre, dans ses parties les plus charnues. Le médecin précise (...)« Lorsqu'on ouvrit, en présence de la cour, la caisse qui renfermait le cadavre desséché de l'enfant, un essaim de petits papillons, d'un blanc grisâtre, s'envola dans la salle. Nous recherchâmes ce qu'étaient devenues les larves que nous avions laissées se nourrissant dans l'épaisseur des membres. Elles avaient disparu, et, à leur place nous découvrîmes de petits étuis d'un jaune ambré, flexibles, semi-transparents. Chacun d'eux était la coque d'une chrysalide, et avait servi de retraite pendant quelque temps à un de ces papillons qui venaient pour la première fois de prendre leur essor ». Il fait référence à Mathieu Orfila, théoricien pionnier de la médecine légale, qui n'avait pas pu disposer d'un tel cadavre (momifié) et qui a dû faire appel à d'autres auteurs, plus anciens (Vicq d'Azyr, dans les Mémoires de l'Académie de Toulouse, 1787 et de Puymaurin fils, dans l’Histoire de la Société royale de médecine, 1779) qui ont décrit l'état des corps momifiés retrouvés dans les caveaux des Cordeliers de Toulouse, pour évoquer les dégâts que les mites peuvent faire sur les cadavres momifiés (p 701).

Dans l'environnement humain (habitations, magasins, entrepôts de tissus, musées, etc.), ces mites peuvent s'attaquer aux textiles, tapis ou habits constitués de fibres d'origine animale, comme la laine ou la soie. Elles sont pour ces raisons considérées comme « nuisibles ». Bien qu'appréciant les lieux plus humides, ayant de très faibles besoins en eau, elles peuvent se développer (plus lentement) dans des lieux très secs.

L'aire originelle de répartition naturelle de l'espèce est l'Eurasie occidentale, mais ce papillon a été transporté par les voyageurs ailleurs sur la planète, dont par exemple en Australie où il est très étudié.

Dans certaines banques de données, sa présence n'a pas été officiellement enregistrée en France, Grèce, Slovénie et Suisse, mais cela reflète plutôt le manque d'intérêt pour l'espèce ou l'absence d'effort d'acquisition de données sur les évènements plutôt que de l'absence réelle de ce papillon.

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Habitudes et mode de vie

Dans la nature, cet insecte fait partie des décomposeurs. À ce titre, il joue un rôle utile en éliminant et recyclant des matières difficilement dégradables.

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In vitro, par exemple élevées sur de la caséine, la température optimale de développement des chenilles est de 28 °C.

En dépit d'apparents caractères primitifs, cet insecte (pour les deux sexes) est doté de nombreux capteurs biologiques lui permettant de s'orienter, de détecter des prédateurs ou la présence de femelles pour le mâle (via les phéromones qu'elle émet) : deux types de sensilles trichoïdes, deux types de sensilles basiconiques, des sensilles otoïdes, chétiformes, cœloconiques, styloconiques et campaniformes, des sensilles de Böhm ainsi que des structures squamiformes sont présents chez le mâle et la femelle, leur permettant d'explorer et exploiter au mieux leur environnement.

Les larves sont dotées de moyens d'excrétion ou de stockage des métaux toxiques qui peuvent contaminer leur nourriture (par exemple via les colorants de la laine ou des tissus, ou dans la nature, via des métaux bioaccumulés par l'animal dans ses plumes, poils ou autres phanères consommés par les larves de mites). Les métaux non-excrétés sont stockés par la larve dans des granules éliminés au moment de la nymphose.

La femelle détecte, au moyen de biosenseurs de type goût/odorat, des molécules volatiles (sémiochimiques) la guidant vers des milieux de ponte (fibres naturelles ou des matières animales telles que cadavre de gros papillon par exemple).

Les adultes et plus encore les larves sont lucifuges (préfèrent l'ombre à la lumière).

Alors que de nombreux autres Tineidae sont attirés par la lumière, la mite commune semble préférer les zones sombres ou noires et plutôt humides, bien qu'un adulte dérangé puisse parfois tournoyer autour d'une lampe.

Les larves sont lucifuges ; placées dans un lieu bien éclairé, elles vont tenter de gagner les bords de meubles ou de tapis, des fentes de plancher, de moulures sur les bords de pièces à la recherche de zones plus sombres (comme les acariens, elles peuvent souvent y trouver des poussières contenant des poils ou plumes et autres phanères).

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Régime et nutrition

Cette espèce est remarquable pour son aptitude à digérer des protéines que peu d'espèces peuvent dégrader.

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Dans les années 1950, ayant constaté que le tube digestif des larves de mites T. bisselliella ne contenait généralement que très peu de micro-organismes (ce qui pourrait être lié à un pH élevé du contenu intestinal), divers auteurs ont conclu que les bactéries du microbiote ne jouaient apparemment pas de rôle dans la digestion de la laine par ces larves. Lors d'une observation, les tubes digestifs contenaient de nombreuses bactéries (Gram +), mais ils provenaient tous d'un même lot de chenilles nourries de caséine, bien que d'autres groupes de larves également élevées sur de la caséine n'en aient pas contenu.

Dès le début du XXe siècle, on a montré que les larves de ces insectes disposent de plusieurs enzymes leur permettant de digérer les protéines, et des matières biologiques contenant de la kératine, telles que la laine, la fourrure ou plumes voire les perruques de vrais cheveux et accessoirement aussi le coton, le lin, la soie.

Plus récemment ces enzymes ont été identifiées, dont deux carboxypeptidases vraies actives in vitro à un pH optimal de pH 7.5 à 7.7 et des aminopeptidases actives à un pH optimal de 8.2, et autres protéinases,.

Les excréments des larves alimentées en laboratoire sur de la laine contiennent 0,28 % de soufre élémentaire qu'on pense formé par réaction de sulfures avec des ponts-disulfures durant le processus de digestion. Cela semble être une spécificité de ces mites ; on ne trouve pas de telles quantités de soufre dans les excréments de larves de coléoptères Dermestidae nourris sur des aliments similaires (laines).

Des spécimens ont été trouvés dans du son, de la semoule, des farines (confusion possible avec des mites de farines ?), des biscuits, de la caséine, ce pourquoi ces insectes sont parfois classés avec les ravageurs potentiels de stocks de nourriture

Des collections d'insectes morts conservés en musées ont aussi été dégradées par des mites des vêtements.

Dans un cas, des chenilles vivantes de T. bisselliella ont été trouvées dans du sel (le chlorure de sodium ne leur permettait pas de se nourrir, mais ceci témoigne de leur grande résistance).

Dans leur tube digestif, des enzymes catalysent la réduction de la L-cystine par la TPNH (triphospyridine nucleotide). Des extraits des larves entières dégradent jusqu'à 14 pmoles de cystine par gramme de larve et par heure à pH 7,3. D'autres enzymes sont trouvées dans les extraits de larve.

Les adultes ne semblent pas se nourrir mais consacrer leur temps à la recherche d'un partenaire sexuel ou de lieux appropriés de ponte. Ils meurent après s'être reproduits.

Contrairement à ce que beaucoup de gens croient, les adultes de T. bisselliella qui sont trouvés sur les tissus ne sont pas en train de les manger, mais d'y pondre ou chercher un lieu de ponte. Seules les larves sont responsables des dégâts observés sur les tissus.

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Habitudes d’accouplement

Les œufs sont blanchâtres, ovoïdes et mesurent moins de 1 mm (loupe nécessaire).

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Une femelle en pond plusieurs centaines au cours de sa vie, dans des emplacements leur donnant les meilleures chances de survie. Les œufs, plus ou moins groupés, sont attachés au substrat avec une substance collante. Après l'éclosion, la larve se met immédiatement en quête de nourriture. Elle se transformera en papillon en moins de deux mois si les conditions sont bonnes, mais peut hiberner ou entrer en léthargie durant un certain temps quand ces conditions sont moins bonnes. Elle est détruite par la congélation ou la chaleur (Même pour un tissu ne comportant pas de fil métallique, le passage au four à micro-ondes peut être fortement dommageable).

De deux mois à deux ans après la ponte, la chenille prépare sa transformation en papillon en tissant un cocon où elle se nymphosera. La larve passe un à deux mois dans son cocon puis en émerge à l'état adulte, à la recherche d'un partenaire sexuel pour produire une nouvelle génération.

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Population

Références

1. Mite des vêtements article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Mite_des_v%C3%AAtements

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