Montagne

Chaîne Transantarctique

0 espèces

La chaîne Transantarctique, ou monts Transantarctiques, est une longue chaîne de montagnes située en Antarctique et traversant une grande partie du continent, de la terre Victoria à la mer de Weddell, en séparant sa partie orientale d'une part de sa partie occidentale et de la côte ouest de la mer de Ross d'autre part. Elle est entrecoupée par de nombreux glaciers alimentés par l'inlandsis Est-Antarctique et s'épanchant depuis le plateau Antarctique. Elle culmine à 4 528 mètres d'altitude au mont Kirkpatrick et possède vingt sommets d'au moins 4 000 mètres d'altitude. Malgré le climat polaire qui y règne, la glace n'est pas partout présente dans la chaîne, à l'instar des vallées sèches de McMurdo où les précipitations sont rares et l'évaporation intense en été, même si des cours d'eau intermittents issus de la fonte des glaciers parviennent brièvement à se former ; en hiver il fait généralement trop froid pour que la neige puisse tomber, en particulier au sud et à haute altitude, où elle s'accumule essentiellement sous l'effet du vent. Ces conditions expliquent que la vie est rare dans la chaîne, pour l'essentiel concentrée sur la côte de la mer de Ross où vivent des phoques et des oiseaux, notamment des manchots. La chaîne est l'une des plus anciennes sur Terre, datant du Cambrien, et résulte d'une association entre rift et subduction, alternant périodes de volcanisme, de métamorphisme et d'érosion–sédimentation. Le relief actuel est dû à une surrection atteignant son paroxysme à l'Éocène, mais dont l'origine est encore mal comprise.

Après sa découverte en 1841 par James Clark Ross depuis la mer, la chaîne Transantarctique constitue au début du XXe siècle un obstacle pour les explorateurs de l'âge héroïque, à l'instar de Robert Falcon Scott, Ernest Shackleton et Roald Amundsen, qui cherchent tour à tour à rallier le pôle Sud, d'abord magnétique puis géographique, finalement atteints en 1909 et en 1911. Les expéditions qu'ils mènent réalisent en parallèle les premiers travaux cartographiques et études de la chaîne. À partir de 1928, avec Richard Byrd, les Américains s'intéressent au continent avec des moyens qui s'accroissent jusqu'au sortir de la Seconde Guerre mondiale, incluant des avions et des moyens de communication longue distance. La connaissance de la chaîne se fait plus précise, la cartographie est progressivement complétée et les recherches scientifiques se multiplient. En prévision de l'année géophysique internationale en 1957-1958, des bases sont construites, notamment sur l'île de Ross. La Nouvelle-Zélande prend une part importante dans l'exploration de la chaîne. Des sommets importants sont gravis à partir des années 1960. Toutefois, les moyens sont surtout mis dans les travaux scientifiques et la chaîne Transantarctique demeure difficile d'accès, tant par voie maritime qu'aérienne, si bien que l'alpinisme reste très peu développé et l'environnement globalement préservé, avec l'existence d'une zone gérée spéciale dans les vallées sèches de McMurdo et d'une vingtaine de zones spécialement protégées. En outre, des sites et monuments historiques préservent la mémoire de l'exploration à travers la chaîne.

Hydrographie

Les principaux glaciers de la chaîne Transantarctique sont des glaciers émissaires, provenant de l'inlandsis Est-Antarctique, contraints dans des vallées et prolongeant, pour les plus importants, des courants glaciaires : c'est le cas du glacier David en Terre Victoria méridionale, qui se termine par la langue de glace Drygalski en mer de Ross, du glacier Byrd entre la terre Victoria méridionale et la chaîne Transantarctique centrale et du glacier Scott dans la chaîne de la Reine-Maud qui alimentent la barrière de Ross. Parmi les autres glaciers émissaires figurent, du nord au sud, les glaciers Mariner, Aviator, Reeves, Mawson, Ferrar, Skelton, Mulock, Darwin, Nimrod, Beardmore, Shackleton, Amundsen et Reedy. Ils sont globalement perpendiculaires à l'orientation de la chaîne, empruntant de larges failles géologiques, et définissent ses groupes et massifs. Les glaciers Rennick et Lillie ont la particularité de se jeter directement dans l'océan Austral au nord de la terre de Oates. Le courant glaciaire Foundation et son affluent le glacier Academy, ainsi que le glacier Support Force, sont des courants glaciaires bordant les montagnes extrêmes-orientales de la chaîne et très peu contraints par le relief, alimentant la barrière de Filchner-Ronne. Les glaciers secondaires naissent sur les versants de la chaîne Transantarctique et sont des glaciers de vallée.

Les deux seules rivières reconnues du continent s'écoulent dans la chaîne Transantarctique : l'Onyx et l'Alphée. Tous les autres cours d'eau sont des ruisseaux. L'Onyx s'écoule sur une trentaine de kilomètres vers l'ouest, à l'opposé de la côte, dans la vallée de Wright, une des vallées sèches de McMurdo, entre les chaînons Olympus au nord et Asgard au sud, pour déboucher dans le lac Vanda. Il s'écoule en moyenne deux mois par an, généralement de début décembre à début février, et la plus grande partie de l'eau de fonte s'évapore avant même d'arriver au lac. Dans cette vallée, une partie de la neige qui tombe au sol est sublimée et les sols sont en général secs. L'Alphée est formé par des eaux de fonte retenues par la moraine latérale gauche du glacier Koettlitz, sur le piémont méridional du chaînon de la Royal Society, et se termine en cours sous-glaciaire dans le détroit de McMurdo.

Climat

La chaîne Transantarctique connaît un climat polaire, le plus froid et le plus sec au monde. Toutefois, en raison de l'étendue de la chaîne, ce climat varie de façon importante aussi bien en fonction de la latitude que de l'altitude. Ainsi, les températures sont en moyenne 30 °C plus élevées à la base McMurdo, à 77° 50' S au niveau de la mer, qu'au pôle Sud, à plus de 2 800 mètres d'altitude.

Les régions côtières bordant l'ouest de la barrière de Ross connaissent dans l'ensemble un climat similaire à celui du détroit de McMurdo. Les précipitations y sont rares, de l'ordre de 188 mm par an à la base Scott avec un pic en février et plus rares encore dans la vallée de Wright avec environ 50 mm. Elles sont associées à un air humide tempéré circulant sur la barrière de Ross. Or, quand l'essentiel des précipitations peut subvenir en été, le taux d'humidité dans cette vallée reste généralement trop bas, entre 30 et 40 %, bien que de la pluie fine soit occasionnellement observée. L'évaporation est largement supérieure aux précipitations. Les températures peuvent être relativement clémentes. Au sol, elles peuvent avoisiner 15 °C en été en pleine journée sur les versants au nord les mieux abrités, comme au lac Vanda, alors que les versants au sud moins ensoleillés sont sensiblement plus froids. De plus, les vallées sont balayées quasiment en permanence par des vents catabatiques secs, habituellement peu violents mais parfois forts, descendant du plateau Antarctique et engendrés par le froid qui y règne. En raison de la neige qu'ils charrient, ils peuvent grandement altérer la visibilité. Les mois les plus doux sont décembre et janvier, avec des températures journalières moyennes allant de −4 à +1 °C, respectivement sur l'île de Ross et dans les vallées sèches de McMurdo, alors que les mois les plus froids sont juillet et août, avec des températures journalières moyennes qui vont respectivement de −27 à −38 °C ; les températures annuelles moyennes sont d'environ −20 °C. Plus au nord, au cap Hallett en terre Victoria septentrionale, les températures sont globalement comparables tant en hiver et qu'en été, mais plus douces au printemps et en automne, influencées par la proximité de la mer ; la moyenne annuelle y est de −15 °C.

Au bord du plateau Antarctique, en amont du glacier Scott sur le versant méridional de la chaîne de la Reine-Maud, la température ne dépasse presque jamais 0 °C. Les précipitations, exclusivement neigeuses, y sont exceptionnelles et sont en général soufflées depuis le centre du plateau.

Écosystème

La chaîne appartient à l'écozone antarctique et à l'écorégion de Maudlandia, qui couvre l'intégralité du continent à l'exception de la péninsule Antarctique. Elle est caractérisée par un climat extrême et des zones dépourvues de glace à l'intérieur des terres.

Cinq espèces de phocidés sont présentes sur les côtes septentrionales de la chaîne Transantarctique, en terre Victoria : le Phoque crabier (Lobodon carcinophaga), le Phoque de Ross (Ommatophoca rossii), le Phoque de Weddell (Leptonychotes weddellii), le Léopard de mer (Hydrurga leptonyx) et l'Éléphant de mer du sud (Mirounga leonina), ce dernier passant toutefois l'essentiel de son temps en mer, alors que les précédents débarquent plus régulièrement sur les bords de mer ou sur la banquise. Le Léopard de mer est un prédateur pour les juvéniles des autres espèces de phoques et, lors des plongées, pour le Manchot Adélie (Pygoscelis adeliae) et le Manchot empereur (Aptenodytes forsteri), qui possèdent des aires de reproduction près des côtes. Les oiseaux marins présents sur le continent sont le Fulmar argenté (Fulmarus glacialoides), le Pétrel géant (Macronectes giganteus), le Damier du Cap (Daption capense), le Pétrel des neiges (Pagodroma nivea), l'Océanite de Wilson (Oceanites oceanicus), le Labbe de McCormick (Stercorarius maccormicki) et le Pétrel antarctique (Thalassoica antarctica). Le Labbe de McCormick se nourrit d'œufs et de poussins de Manchots Adélie ainsi que d'oisillons morts de l'empereur, alors que le Pétrel géant n'hésite pas à s'attaquer massivement aux juvéniles du Manchot empereur.

Les seules autres formes de vie animales adaptées aux conditions de vie extrêmes sont des invertébrés. Les arthropodes sont représentés par des collemboles, des acariens, dont Nanorchestes antarcticus ayant une distribution méridionale jusque dans la chaîne de la Reine-Maud, et des nématocères dépourvus d'ailes (Belgica sp.). Les nématodes privilégient les sols humides et rocheux, à l'instar des vallées sèches de McMurdo. Plusieurs espèces de tardigrades ont également été découvertes. Enfin, les rotifères colonisent les mousses présentes autour des sites géothermiques, à l'instar du mont Melbourne.

Des espèces de mycètes, incluant des lichens et des levures, sont adaptées aux sols rocheux, enrichis par les excréments des oiseaux marins ou autour des sites géothermiques. Des algues se développent dans les environnements humides, soit dans les sources soit en peuplements épiphytes sur des mousses ou des colonies de cyanobactéries. Les plus petits micro-organismes découverts sont des bactéries et des amibes.

Protection environnementale

Une zone gérée spéciale (ZGSA), dite « vallées sèches de McMurdo, terre Victoria du Sud », se trouve dans la chaîne Transantarctique. Elle est caractérisée par la plus grande zone libre de glace en Antarctique, avec approximativement 30 % de la surface dépourvue de neige et de glace. Elle possède une importante valeur scientifique et biologique, avec des glaces contenant le témoin du climat passé, alors que le climat actuel est analogue à celui de la Terre boule de neige et de Mars. Elle contient des micro-habitats et des communautés biologiques rares ainsi que des propriétés géologiques et des minéraux caractéristiques. C'est un environnement quasiment vierge, globalement non perturbé ni contaminé par la présence humaine. Le paysage, composé de hautes crêtes et de larges vallées, avec des contrastes entre des terrains libres de glace et ceux couverts de glaciers, présente une valeur esthétique. Les activités conduites dans la zone incluent des recherches scientifiques, comme des opérations en rapport avec les médias, l'art et l'éducation. La zone est ouverte aux touristes. Un site de recherche écologique à long terme est établi dans la vallée de Taylor.

La chaîne compte également dix-neuf zones spécialement protégées terrestres (ZSPA), dont dix dans l'archipel de Ross, et vingt-trois sites et monuments historiques (SMHA) : le « cap Adare, côte de Borchgrevink », qui inclut le SMHA des cabanes historiques de Carsten Borchgrevink ainsi que de la mission nord de Scott et leurs environs, géré par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; le « cap Hallett, terre Victoria du Nord, mer de Ross » ; la « pointe Edmonson, baie Wood, mer de Ross » ; la « baie Botany, cap Géologie, terre Victoria », qui inclut le SMHA de la maison de Granite, géré par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; les « vallées Barwick et Balham, terre Victoria du Sud » ; la « terrasse Linnaeus, chaîne Asgard, terre Victoria » ; le « glacier Canada, lac Fryxell, vallée Taylor, terre Victoria » ; la « partie inférieure du glacier Taylor et Blood Falls de la vallée Taylor, dans les vallées sèches de McMurdo en terre Victoria » ; l'« île Beaufort, détroit de McMurdo, mer de Ross » ; la « vallée New College, plage Caughley, cap Bird, île de Ross » ; la « baie Lewis, mont Erebus, île de Ross » ; les « zones géothermiques de haute altitude de la région de la mer de Ross » ; le « cap Royds, île de Ross » ; la « baie Backdoor, cap Royds, île de Ross », qui inclut le SMHA de la cabane historique de sir Ernest Shackleton et ses environs, géré par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; le « cap Evans, île de Ross », qui inclut les SMHA de la cabane historique Terra Nova du capitaine Robert Falcon Scott et ses alentours et de la croix sur la colline Wind Vane, gérés tous deux par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; le « cap Crozier, île de Ross », qui inclut les SMHA du panneau de messages historique de Discovery et de l'igloo de pierre de Wilson, gérés tous deux par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; les « hauteurs Arrival, péninsule de Hut Point, île de Ross » ; la « pointe Hut, île de Ross », qui inclut le SMHA de la cabane Discovery du commandant Robert Falcon Scott, géré par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; et la « vallée Davis et étang Forlidas, massif Dufek, montagnes Pensacola ». Plusieurs de ces ZSPA sont notamment des aires de reproduction du Manchot Adélie (cap Adare, cap Hallett, vallée New College, cap Royds, cap Crozier) et du Manchot empereur (île Beaufort, cap Crozier).

Les autres SMHA dans la chaîne sont : la cabane Lillie Marleen dans la chaîne Concord, gérée par l'Allemagne ; la cache à messages de l'Antarctic dans les îles Possession, par la Nouvelle-Zélande et la Norvège ; la tombe de Nikolai Hansen au cap Adare, par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; la cache à messages de Scott sur l'île Coulman, par ces deux mêmes pays ; la glacière de l'île Inexpressible, par la Nouvelle-Zélande, l'Italie et le Royaume-Uni ; le dépôt de vivres de la moraine Porte de l'Enfer sur cette même île, par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; le camp E et le camp sommital de l'expédition Terra Nova sur le mont Erebus, gérés tous deux par le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis ; la croix sur ce même sommet, gérée par la Nouvelle-Zélande ; la plaque commémorant la centrale nucléaire PM-3A et le monument à Richard E. Byrd à la base antarctique McMurdo, gérés par les États-Unis ; la cabane A à la base Scott, gérée par la Nouvelle-Zélande ; la croix d'Observation Hill, par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; la croix de George Vince à la pointe Hut, par ces deux mêmes pays ; et le cairn d'Amundsen dans la chaîne de la Reine-Maud, par la Norvège.

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La chaîne Transantarctique, ou monts Transantarctiques, est une longue chaîne de montagnes située en Antarctique et traversant une grande partie du continent, de la terre Victoria à la mer de Weddell, en séparant sa partie orientale d'une part de sa partie occidentale et de la côte ouest de la mer de Ross d'autre part. Elle est entrecoupée par de nombreux glaciers alimentés par l'inlandsis Est-Antarctique et s'épanchant depuis le plateau Antarctique. Elle culmine à 4 528 mètres d'altitude au mont Kirkpatrick et possède vingt sommets d'au moins 4 000 mètres d'altitude. Malgré le climat polaire qui y règne, la glace n'est pas partout présente dans la chaîne, à l'instar des vallées sèches de McMurdo où les précipitations sont rares et l'évaporation intense en été, même si des cours d'eau intermittents issus de la fonte des glaciers parviennent brièvement à se former ; en hiver il fait généralement trop froid pour que la neige puisse tomber, en particulier au sud et à haute altitude, où elle s'accumule essentiellement sous l'effet du vent. Ces conditions expliquent que la vie est rare dans la chaîne, pour l'essentiel concentrée sur la côte de la mer de Ross où vivent des phoques et des oiseaux, notamment des manchots. La chaîne est l'une des plus anciennes sur Terre, datant du Cambrien, et résulte d'une association entre rift et subduction, alternant périodes de volcanisme, de métamorphisme et d'érosion–sédimentation. Le relief actuel est dû à une surrection atteignant son paroxysme à l'Éocène, mais dont l'origine est encore mal comprise.

Après sa découverte en 1841 par James Clark Ross depuis la mer, la chaîne Transantarctique constitue au début du XXe siècle un obstacle pour les explorateurs de l'âge héroïque, à l'instar de Robert Falcon Scott, Ernest Shackleton et Roald Amundsen, qui cherchent tour à tour à rallier le pôle Sud, d'abord magnétique puis géographique, finalement atteints en 1909 et en 1911. Les expéditions qu'ils mènent réalisent en parallèle les premiers travaux cartographiques et études de la chaîne. À partir de 1928, avec Richard Byrd, les Américains s'intéressent au continent avec des moyens qui s'accroissent jusqu'au sortir de la Seconde Guerre mondiale, incluant des avions et des moyens de communication longue distance. La connaissance de la chaîne se fait plus précise, la cartographie est progressivement complétée et les recherches scientifiques se multiplient. En prévision de l'année géophysique internationale en 1957-1958, des bases sont construites, notamment sur l'île de Ross. La Nouvelle-Zélande prend une part importante dans l'exploration de la chaîne. Des sommets importants sont gravis à partir des années 1960. Toutefois, les moyens sont surtout mis dans les travaux scientifiques et la chaîne Transantarctique demeure difficile d'accès, tant par voie maritime qu'aérienne, si bien que l'alpinisme reste très peu développé et l'environnement globalement préservé, avec l'existence d'une zone gérée spéciale dans les vallées sèches de McMurdo et d'une vingtaine de zones spécialement protégées. En outre, des sites et monuments historiques préservent la mémoire de l'exploration à travers la chaîne.

Hydrographie

Les principaux glaciers de la chaîne Transantarctique sont des glaciers émissaires, provenant de l'inlandsis Est-Antarctique, contraints dans des vallées et prolongeant, pour les plus importants, des courants glaciaires : c'est le cas du glacier David en Terre Victoria méridionale, qui se termine par la langue de glace Drygalski en mer de Ross, du glacier Byrd entre la terre Victoria méridionale et la chaîne Transantarctique centrale et du glacier Scott dans la chaîne de la Reine-Maud qui alimentent la barrière de Ross. Parmi les autres glaciers émissaires figurent, du nord au sud, les glaciers Mariner, Aviator, Reeves, Mawson, Ferrar, Skelton, Mulock, Darwin, Nimrod, Beardmore, Shackleton, Amundsen et Reedy. Ils sont globalement perpendiculaires à l'orientation de la chaîne, empruntant de larges failles géologiques, et définissent ses groupes et massifs. Les glaciers Rennick et Lillie ont la particularité de se jeter directement dans l'océan Austral au nord de la terre de Oates. Le courant glaciaire Foundation et son affluent le glacier Academy, ainsi que le glacier Support Force, sont des courants glaciaires bordant les montagnes extrêmes-orientales de la chaîne et très peu contraints par le relief, alimentant la barrière de Filchner-Ronne. Les glaciers secondaires naissent sur les versants de la chaîne Transantarctique et sont des glaciers de vallée.

Les deux seules rivières reconnues du continent s'écoulent dans la chaîne Transantarctique : l'Onyx et l'Alphée. Tous les autres cours d'eau sont des ruisseaux. L'Onyx s'écoule sur une trentaine de kilomètres vers l'ouest, à l'opposé de la côte, dans la vallée de Wright, une des vallées sèches de McMurdo, entre les chaînons Olympus au nord et Asgard au sud, pour déboucher dans le lac Vanda. Il s'écoule en moyenne deux mois par an, généralement de début décembre à début février, et la plus grande partie de l'eau de fonte s'évapore avant même d'arriver au lac. Dans cette vallée, une partie de la neige qui tombe au sol est sublimée et les sols sont en général secs. L'Alphée est formé par des eaux de fonte retenues par la moraine latérale gauche du glacier Koettlitz, sur le piémont méridional du chaînon de la Royal Society, et se termine en cours sous-glaciaire dans le détroit de McMurdo.

Climat

La chaîne Transantarctique connaît un climat polaire, le plus froid et le plus sec au monde. Toutefois, en raison de l'étendue de la chaîne, ce climat varie de façon importante aussi bien en fonction de la latitude que de l'altitude. Ainsi, les températures sont en moyenne 30 °C plus élevées à la base McMurdo, à 77° 50' S au niveau de la mer, qu'au pôle Sud, à plus de 2 800 mètres d'altitude.

Les régions côtières bordant l'ouest de la barrière de Ross connaissent dans l'ensemble un climat similaire à celui du détroit de McMurdo. Les précipitations y sont rares, de l'ordre de 188 mm par an à la base Scott avec un pic en février et plus rares encore dans la vallée de Wright avec environ 50 mm. Elles sont associées à un air humide tempéré circulant sur la barrière de Ross. Or, quand l'essentiel des précipitations peut subvenir en été, le taux d'humidité dans cette vallée reste généralement trop bas, entre 30 et 40 %, bien que de la pluie fine soit occasionnellement observée. L'évaporation est largement supérieure aux précipitations. Les températures peuvent être relativement clémentes. Au sol, elles peuvent avoisiner 15 °C en été en pleine journée sur les versants au nord les mieux abrités, comme au lac Vanda, alors que les versants au sud moins ensoleillés sont sensiblement plus froids. De plus, les vallées sont balayées quasiment en permanence par des vents catabatiques secs, habituellement peu violents mais parfois forts, descendant du plateau Antarctique et engendrés par le froid qui y règne. En raison de la neige qu'ils charrient, ils peuvent grandement altérer la visibilité. Les mois les plus doux sont décembre et janvier, avec des températures journalières moyennes allant de −4 à +1 °C, respectivement sur l'île de Ross et dans les vallées sèches de McMurdo, alors que les mois les plus froids sont juillet et août, avec des températures journalières moyennes qui vont respectivement de −27 à −38 °C ; les températures annuelles moyennes sont d'environ −20 °C. Plus au nord, au cap Hallett en terre Victoria septentrionale, les températures sont globalement comparables tant en hiver et qu'en été, mais plus douces au printemps et en automne, influencées par la proximité de la mer ; la moyenne annuelle y est de −15 °C.

Au bord du plateau Antarctique, en amont du glacier Scott sur le versant méridional de la chaîne de la Reine-Maud, la température ne dépasse presque jamais 0 °C. Les précipitations, exclusivement neigeuses, y sont exceptionnelles et sont en général soufflées depuis le centre du plateau.

Écosystème

La chaîne appartient à l'écozone antarctique et à l'écorégion de Maudlandia, qui couvre l'intégralité du continent à l'exception de la péninsule Antarctique. Elle est caractérisée par un climat extrême et des zones dépourvues de glace à l'intérieur des terres.

Cinq espèces de phocidés sont présentes sur les côtes septentrionales de la chaîne Transantarctique, en terre Victoria : le Phoque crabier (Lobodon carcinophaga), le Phoque de Ross (Ommatophoca rossii), le Phoque de Weddell (Leptonychotes weddellii), le Léopard de mer (Hydrurga leptonyx) et l'Éléphant de mer du sud (Mirounga leonina), ce dernier passant toutefois l'essentiel de son temps en mer, alors que les précédents débarquent plus régulièrement sur les bords de mer ou sur la banquise. Le Léopard de mer est un prédateur pour les juvéniles des autres espèces de phoques et, lors des plongées, pour le Manchot Adélie (Pygoscelis adeliae) et le Manchot empereur (Aptenodytes forsteri), qui possèdent des aires de reproduction près des côtes. Les oiseaux marins présents sur le continent sont le Fulmar argenté (Fulmarus glacialoides), le Pétrel géant (Macronectes giganteus), le Damier du Cap (Daption capense), le Pétrel des neiges (Pagodroma nivea), l'Océanite de Wilson (Oceanites oceanicus), le Labbe de McCormick (Stercorarius maccormicki) et le Pétrel antarctique (Thalassoica antarctica). Le Labbe de McCormick se nourrit d'œufs et de poussins de Manchots Adélie ainsi que d'oisillons morts de l'empereur, alors que le Pétrel géant n'hésite pas à s'attaquer massivement aux juvéniles du Manchot empereur.

Les seules autres formes de vie animales adaptées aux conditions de vie extrêmes sont des invertébrés. Les arthropodes sont représentés par des collemboles, des acariens, dont Nanorchestes antarcticus ayant une distribution méridionale jusque dans la chaîne de la Reine-Maud, et des nématocères dépourvus d'ailes (Belgica sp.). Les nématodes privilégient les sols humides et rocheux, à l'instar des vallées sèches de McMurdo. Plusieurs espèces de tardigrades ont également été découvertes. Enfin, les rotifères colonisent les mousses présentes autour des sites géothermiques, à l'instar du mont Melbourne.

Des espèces de mycètes, incluant des lichens et des levures, sont adaptées aux sols rocheux, enrichis par les excréments des oiseaux marins ou autour des sites géothermiques. Des algues se développent dans les environnements humides, soit dans les sources soit en peuplements épiphytes sur des mousses ou des colonies de cyanobactéries. Les plus petits micro-organismes découverts sont des bactéries et des amibes.

Protection environnementale

Une zone gérée spéciale (ZGSA), dite « vallées sèches de McMurdo, terre Victoria du Sud », se trouve dans la chaîne Transantarctique. Elle est caractérisée par la plus grande zone libre de glace en Antarctique, avec approximativement 30 % de la surface dépourvue de neige et de glace. Elle possède une importante valeur scientifique et biologique, avec des glaces contenant le témoin du climat passé, alors que le climat actuel est analogue à celui de la Terre boule de neige et de Mars. Elle contient des micro-habitats et des communautés biologiques rares ainsi que des propriétés géologiques et des minéraux caractéristiques. C'est un environnement quasiment vierge, globalement non perturbé ni contaminé par la présence humaine. Le paysage, composé de hautes crêtes et de larges vallées, avec des contrastes entre des terrains libres de glace et ceux couverts de glaciers, présente une valeur esthétique. Les activités conduites dans la zone incluent des recherches scientifiques, comme des opérations en rapport avec les médias, l'art et l'éducation. La zone est ouverte aux touristes. Un site de recherche écologique à long terme est établi dans la vallée de Taylor.

La chaîne compte également dix-neuf zones spécialement protégées terrestres (ZSPA), dont dix dans l'archipel de Ross, et vingt-trois sites et monuments historiques (SMHA) : le « cap Adare, côte de Borchgrevink », qui inclut le SMHA des cabanes historiques de Carsten Borchgrevink ainsi que de la mission nord de Scott et leurs environs, géré par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; le « cap Hallett, terre Victoria du Nord, mer de Ross » ; la « pointe Edmonson, baie Wood, mer de Ross » ; la « baie Botany, cap Géologie, terre Victoria », qui inclut le SMHA de la maison de Granite, géré par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; les « vallées Barwick et Balham, terre Victoria du Sud » ; la « terrasse Linnaeus, chaîne Asgard, terre Victoria » ; le « glacier Canada, lac Fryxell, vallée Taylor, terre Victoria » ; la « partie inférieure du glacier Taylor et Blood Falls de la vallée Taylor, dans les vallées sèches de McMurdo en terre Victoria » ; l'« île Beaufort, détroit de McMurdo, mer de Ross » ; la « vallée New College, plage Caughley, cap Bird, île de Ross » ; la « baie Lewis, mont Erebus, île de Ross » ; les « zones géothermiques de haute altitude de la région de la mer de Ross » ; le « cap Royds, île de Ross » ; la « baie Backdoor, cap Royds, île de Ross », qui inclut le SMHA de la cabane historique de sir Ernest Shackleton et ses environs, géré par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; le « cap Evans, île de Ross », qui inclut les SMHA de la cabane historique Terra Nova du capitaine Robert Falcon Scott et ses alentours et de la croix sur la colline Wind Vane, gérés tous deux par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; le « cap Crozier, île de Ross », qui inclut les SMHA du panneau de messages historique de Discovery et de l'igloo de pierre de Wilson, gérés tous deux par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; les « hauteurs Arrival, péninsule de Hut Point, île de Ross » ; la « pointe Hut, île de Ross », qui inclut le SMHA de la cabane Discovery du commandant Robert Falcon Scott, géré par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; et la « vallée Davis et étang Forlidas, massif Dufek, montagnes Pensacola ». Plusieurs de ces ZSPA sont notamment des aires de reproduction du Manchot Adélie (cap Adare, cap Hallett, vallée New College, cap Royds, cap Crozier) et du Manchot empereur (île Beaufort, cap Crozier).

Les autres SMHA dans la chaîne sont : la cabane Lillie Marleen dans la chaîne Concord, gérée par l'Allemagne ; la cache à messages de l'Antarctic dans les îles Possession, par la Nouvelle-Zélande et la Norvège ; la tombe de Nikolai Hansen au cap Adare, par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; la cache à messages de Scott sur l'île Coulman, par ces deux mêmes pays ; la glacière de l'île Inexpressible, par la Nouvelle-Zélande, l'Italie et le Royaume-Uni ; le dépôt de vivres de la moraine Porte de l'Enfer sur cette même île, par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; le camp E et le camp sommital de l'expédition Terra Nova sur le mont Erebus, gérés tous deux par le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis ; la croix sur ce même sommet, gérée par la Nouvelle-Zélande ; la plaque commémorant la centrale nucléaire PM-3A et le monument à Richard E. Byrd à la base antarctique McMurdo, gérés par les États-Unis ; la cabane A à la base Scott, gérée par la Nouvelle-Zélande ; la croix d'Observation Hill, par la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ; la croix de George Vince à la pointe Hut, par ces deux mêmes pays ; et le cairn d'Amundsen dans la chaîne de la Reine-Maud, par la Norvège.

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